Norman Ginzberg : Arizona Tom

Le Far West revisité

 

De l’auteur de ce roman western très réussi, Norman Ginsberg, je ne sais que ce que nous en dit son éditeur : il est franco-américain, il a longtemps été journaliste, il dirige aujourd’hui une société de conseil en communication à Toulouse.

Si le roman western est un genre à part entière – et un genre à succès – aux Etats-Unis, il n’a jamais trouvé vraiment sa place en France (sinon dans la seconde moitié du XIXe siècle et une partie du XXe). Norman Ginzberg en a sans doute lu beaucoup de ces romans américains. Au point de s’en imprégner pour cette histoire où rien de ce qui fait la légende – et plus que ça : le mythe – n’est absent.

Son héros, outre Arizona Tom, c’est Ocean Miller. Il est né sur un bateau d’immigrants en route vers New York, un bateau où ses parents, des juifs de Hambourg, les Meier, ont pris place. Après une jeunesse apparemment chaotique (mais on n’en saura quasiment rien), il a dégotté un poste de shérif à Brewsterville, en lisière du désert de Mojave, dans ce qui n’est encore qu’un territoire, l’Arizona.

Brewsterville ? « Un chapelet de bicoques en bois bâtie à la hâte vingt ans plus tôt par des colons ». Autant dire un bled paumé. Avec deux prostituées hors d’âge, Nativity Holmes et Beverly Carpentier ; un poissard cassé par la vie, Abner Drinkwater (mais ce n’est pas vraiment de l’eau qu’il boit…) ; Emily Hanson, avec qui Ocean Miller entretient un commerce de lit épisodique ; les gens du coin, qui ne sont pas des aigles, mais plutôt des gens braves et aimables ; un maire franc comme un âne qui recule.

Un bled paumé et sans histoires. Jusqu’au jour où débarque un gamin d’une douzaine d’années, Tom, qui traîne derrière lui un cadavre démembré… Impossible de surcroît de lui poser la moindre question, sinon par gestes : il est sourd et muet.

Pour le maire et son servile entourage, l’affaire est entendue : le coupable, le monstrueux coupable, c’est Tom. Alors emballé, c’est pesé, on le jette en prison, on lui fait un semblant de procès et on le pend haut et court. Sauf que le shérif Miller vient enrayer ce montage. Il ne croit pas à la culpabilité de Tom qui a plus un profil de victime que de meurtrier. Malgré l’hostilité des « notables » de Brewsterville, mais avec l’aide et peut-être l’amour, d’Emily Hanson (qui n’imagine même pas de prononcer ce mot), il s’obstine et mène une dangereuse enquête dans un désert de feu (où ce ne sont pas les rattlesnakes qui sont les plus dangereux…).

L’éditeur de Norman Ginzberg nous dit : « Arizona Tom offre un savoureux récit d’aventures et une plongée en pleine conquête de l’Ouest, avec son lot d’affairistes et de putains au grand cœur. Les tribulations de ce shérif marginal, du shetl au saloon, remettent le genre au goût du jour ».

Que le genre – à savoir le roman western – soit remis au goût du jour, c’est tout ce que nous souhaitons. Il ne manque aucun des codes du genre à Arizona Tom. Au point de forcer un peu la dose et d’en remettre quelques couches supplémentaires ? Oui. Mais c’est la loi du genre justement…

Alain Sanders

- Editions Héloïse d’Ormesson.

 

 

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