Kim Zupan : Les Arpenteurs

 

Un premier roman qui, dès sa parution, a trouvé son public. “Un premier roman d’une beauté saisissante”, comme l’a écrit le très référentiel Library Journal.

Son titre ? Les Arpenteurs. Titre original (qu’il eut peut-être été bien de garder même en le traduisant, Les Laboureurs) : The Ploughmen. L’auteur ? Kim Zupan. Originaire du Montana et, plus exactement, de Great Falls où se déroule une partie de l’action.

Les Editions Gallmeister donnent quelques indications biographiques à son sujet : “Durant vingt-cinq ans, il a gagné sa vie grâce à son métier de charpentier et a continué d’écrire en parallèle. Il a été tour à tour fondeur, pro du rodéo, pêcheur de saumons en Alaska, réparateur d’avions à réaction”.

Aujourd’hui, il enseigne la menuiserie à l’université de Missoula. Il ne pratique pas, et loin de là, la langue de bois pour autant…

Le jeune Val Millimaki est adjoint du shérif dans une prison du Montana. Comme c’est un jeunot, on lui a donné les gardes de nuit de la prison. Aussi, nuit après nuit, n’a-t-il rien d’autre à faire que d’écouter John Gload, 77 ans, un criminel en attente de jugement.

Un monologue, d’abord. Le vieil homme, qui est pourtant un taiseux, raconte son passé à ce jeune confident, lui explique, avec ses mots et sa vérité, ce qui l’a conduit là où il en est.

Et puis, au fil du temps, c’est un vrai dialogue qui s’installe. Et Val se confie lui aussi au vieil homme, lui dit ses doutes, ses craintes, ses espérances.

Normalement, tout les sépare. Val Millanki est un clean cut lad, pétri de sens moral et de respect des lois. John Gload est un vieux malin, sans foi ni loi. Mais, contre toute attente, une amitié vraie, presque une relation père-fils, s’instaure entre les deux hommes. Parce que la vie ne se raconte pas en noir et blanc et que la frontière entre le bien et le mal est ténue.

Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie. Mais il y a aussi – bien heureusement – de la grandeur, même pour les cas les plus désespérés. Comme l’avait dit à John Gload sa femme, Francie :
– Il y a du bon en toi, Johnny. Et je suis peut-être la seule à le savoir.

Elle. Et bientôt Val. Le vieil homme lui en sera reconnaissant et lui confiera son secret, son terrible secret. Dans une dernière lettre, après sa condamnation, il écrit : “C’est rien qu’une petite récompense pour avoir supporté un vieux comme moi. Vous avez été bon envers moi (…). J’espère que vous aurez une vie heureuse à partir de maintenant”.

Après cinq ans et demi au pénitencier d’Etat, Johnny Gload, âgé maintenant de 82 ans, est condamné, pour meurtre au premier degré, à passer le reste de ses jours en prison. Condamné à vivre “comme un foutu prisonnier”. A attendre la fin en fumant des Camel sans filtre. Et à rêver des renardeaux roux devant leur terrier, aux sauterelles agiles, aux mouettes vagabondes… En essayant de trouver le sommeil qui noie tout le reste.

Alain Sanders

 

 

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