IN MEMORIAM

BERNARD BOYAT

 

Bernard Boyat, encyclopédiste des musiques que nous aimons (et en particulier des musiques de Louisiane du Sud auxquelles il a consacré un ouvrage publié par Le Cri du Coyote), nous a quittés le 28 juin dernier. Il est mort à Sofia, en Bulgarie, des suites d'une hémorragie interne.

Nous gardons de lui, et d'un compagnonnage sans nuages de plus de dix ans à Country Music Attitude (où ses recensions d'albums faisaient autorité), le souvenir d'un homme fraternel et qui, à la différence de beaucoup d'autres, ne ramenait jamais sa science (pourtant inépuisable).

AProfesseur d'anglais à l'Externat Sainte-Marie de Lyon, il consacrait tout son temps libre à faire des recherches et à écrire pour de nombreux fanzines et magazines dont Jukebox Magazine, Blues Magazine, Country Music Magazine et, bien sûr, Le Cri du Coyote.

Présentateur de Gene Vincent en France en 1967, il avait fait par la suite de nombreux voyages aux USA, principalement en Louisiane où, au fil des années, il avait noué de solides liens d'amitié avec les plus grands musiciens de cet État.

La musique cajun, la musique des bayous, le swamp blues, mais aussi la country pure et dure avec une prédilection pour Johnny Cash, Merle Haggard, Rick Nelson sur lesquels il a écrit de nombreux articles, toujours étayés, documentés, empathiques. Il admirait aussi beaucoup Sister Rosetta Tharpe dont les gospels lui parlaient tout particulièrement.

Féru de littérature sudiste, à commencer par James Lee Burke, le « Faulkner de la Louisiane », Bernard était aussi parolier et certaines de ses chansons, dont Annabelle (interprétée par Warren Storm), ont connu un vrai succès en Louisiane et au-delà de cet État.

Peu de gens, sinon ses amis, savaient qu'il avait une crèche impressionnante qu'il enrichissait régulièrement de personnages et d'objets rapportés de ses voyages. En 2005, il avait pris sa retraite et il travaillait d'arrache-pied à ce qui aurait été son grand œuvre, , une Rockyclopédie, un monument où l'on aurait trouvé tout sur tout et le reste ! Il y travaillait depuis quarante ans, désespérant d'y intéresser des éditeurs (tous effrayés par le côté pharaonique de ce travail poussé à l'infini).

Bernard Boyat avait la foi d'un moine lui qui vivait comme un ermite et, du temps qu'il était professeur à Sainte-Marie, ne manquait jamais la prière du matin. Mais c'était aussi un homme de bonne compagnie, aimant la bière et les copains, la cuisine bressane, le rugby, les histoires drôles et les calembours.

Il aimait la vie. Et l'on ressent comme une profonde injustice que la mort soit venue le chercher si tôt, bien trop tôt.

Bernard a été enterré le 10 juillet à Manziat, au nord de Mâcon, sur la rive gauche de la Saône, dans cette terre, sa petite patrie charnelle qu'il aimait tant.

Who's gonna fill Bernard's boots (comme on dit dans les chansons country) ?

Je ne vois pas bien. Il était à bien des égards unique. Que le Ciel lui soit tendre.

Alain Sanders

 

 

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