Bus Stop : "Apache"

Une (nouvelle) belle réussite


 

Dire que j’apprécie le groupe Bus Stop serait ne rien dire. Nous avons de longues années de compagnonnage – quasiment au sens médiéval du terme – et j’aime avec le cœur Peter Lacoste, le fer de lance du groupe, et Domi, la sirène du Mississippi.

Mais pas question d’oublier leurs sidemen : Rod’, Didier, Marc, Flamm. Et aussi – mais elle je ne la connais pas encore – Laurette Canyon, présente aux backing vocals sur ce nouvel album, mais aussi en duo avec Peter sur Bad Case Of Loving You. Autre nouveau venu, pour moi, Fred Amman au violon (pour White Rabbit et I’m So Lonesome I Could Cry).

Peter Lacoste, à la différence de certains qui ont découvert la country il y a un mois et sont cependant prêts à vous faire la leçon sur le sujet, est rockabilly et country dans son corps, dans sa tête, dans son âme. Et rien ne me régale plus – car parfois je me sens bien seul sur ces thèmes – quand nous nous rencontrons de parler avec lui qui sait ce que je sais (ce qui ne nous empêche pas de nous enrichir l’un l’autre de nouvelles découvertes à chaque fois).

Tout cela pour dire que lorsque le groupe Bus Stop est en concert, on est au-delà de la simple prestation artistique. Peter Lacoste ne se contente pas de chanter. Il explique. Il remonte aux sources. Il peut vous faire une demi-heure sur la seule explication – indicible pour de chastes oreilles – du mot rock’n’roll. Exhumer des trésors oubliés. Etc.

Le dernier opus de Bus Stop, Apache, est un pur régal. Un mot du titre d’abord. Et ne me dites pas : “Ouais, ça va, on connaît, c’est l’instrumental des Shadows”. Certes. Mais Peter Lacoste sait, lui, qu’il y a eu des paroles en anglais sur ce morceau. Et on le découvre là, Bus Stop étant – à ma connaissance – le seul groupe français à chanter ce morceau sur lequel ont bossé (et bossent peut-être encore) tous les apprentis guitaristes.

Peter sait aussi que la frontière est mince – à peine l’épaisseur d’un feuille de papier à cigarette – entre la country, le western swing, le blues, le jazz, le rhythm’n’blues.

Il nous le prouve avec un choix de morceaux siglés country comme I’m So Lonesome I Could Cry, That’s HowI Got To Memphis, Bad Case Of Loving You, et d’autres qui flirtent avec le cross over : Spanish Eyes, Jezebel (un standard de Wayne Shanklin repris naguère, sur des paroles françaises de Charles Aznavour, par Edith Piaf, Charles Aznavour soi-même, Jacqueline François, Henri Leca, Les Compagnons de la chanson, Henri Decker, Jil et Jan, etc.), Cry Me A River, Little Sister ou encore le délicieux Tip Toe Through The Tulips sur le quel Peter et Domi font des merveilles.

Country, rockabilly, blues, rock’n’roll (le seul, le vrai, celui des fifties), c’est tout ça à la fois Bus Stop. C’est la raison pour laquelle, lors des conférences ludiques que nous assurons parfois sur l’histoire de la musique et de la danse country, nous conseillons toujours aux néophytes de se reporter aux albums de Bus Stop.

Parce qu’ils sont de grande qualité, bien sûr. Mais aussi parce qu’ils ont une valeur historico-pédagogique évidente. Ecouter Bus Stop, c’est comprendre quelque chose de la musique que nous aimons et défendons. Tiens, un exemple et j’arrête : écoutez That’s How I Got To Memphis par Bus Stop et vous n’écouterez plus (vous étonnant même de l’avoir fait un jour) la version sirupeuse eddiemitchellienne Sur la route de Memphis. Là, on est dans le genuine, dans la real thing, dans le charnel. Avec un supplément d’âme. Un arrêt de bus ? Yes sir ! Embarquez, c’est un voyage de rêve !

Alain Sanders

– bus-stop-music.com
– Contact : 06 09 44 42 22

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