Charley Pride (1934-2020)

Black in the saddle again...

 

Né le 16 mars 1934 à Sledge, Mississippi, Charley Pride nous a quittés le 12 décembre dernier à Dallas, Texas. Des suites, semble-t-il, de complications liées au Covid-19.

Issu d'une famille de fermiers pauvres, il était le quatrième d'une fratrie de onze enfants, huit garçons et trois filles. Il a 14 ans quand sa mère lui offre une guitare. Il apprend à en jouer, mais son rêve est de devenir un pro du baseball comme son frère aîné, Mark (lequel deviendra par la suite pasteur). Il passera par plusieurs clubs de moyenne importance, la concurrence étant rude pour accéder au Graal des clubs vedettes.

En 1956, il est appelé sous les drapeaux et caserné à Fort Carson, Colorado. Ses talents sortifs y seront bien employés : en 1957, l'équipe de baseball de Fort Carson remporte le championnat inter-armées. Après son service militaire, il continue à jouer, espérant toujours être recruté par un club de légende (comme les Mets de New York, par exemple).

Mais la vie est là, il s'est marié et a un enfant. Il accepte alors un job de fondeur au Montana. Où il intègre l'équipe maison des fonderies d'Helena.

Ayant remarqué plus ses talents de chanteur que ses talents de joueur, l'un de ses coachs (à l'époque il joue au sein des East Helena Smelterites d'Helena,.

Montana) va lui demander de chanter un quart d'heure avant chaque jeu. Des prestations qui lui valent bientôt de se produire localement à Helena, en solo d'abord, puis avec un groupe, les Night Hawks.

Son job de fondeur (smelter en anglais d'où le nom du club de baseball) et ses passages dans les honky tonks lui permettent de faire venir sa femmes Rozene (épousée en 1956) et son fils, Kraig, à Helena. Où naîtront les deux autres enfants du couple, un garçon, Dion, et une fille, Angela. Au fil des années, Charley, qui a été repéré et encouragé par Red Sovine et Red Foley lors de leurs concerts dans la région, est devenu suffisamment connu pour être invité à déménager au Texas qui offre plus d'opportunités que le peu peuplé Montana. La famille y déménage en 1969.

En 1966, parrainé par Chet Atkins, il avait été signé chez RCA Records. Avec, sous le nom de « Country » Charley Pride (Chet Atkins avait proposé George Washington III...), un premier single, The Snake Crawls at Night. Sans grand succès. Un second, Before I Met You, fera un peu mieux. Mais avec le troisième, Just Beetween You and Me, en 1967, bingo ! Il sera classé dans les charts country et nominé pour un Grammy Award.

Son twang est tel que personne (d'autant que RCA n'en a rien dit) ne soupçonne que ce « Country » Charley Pride est noir. Le grand public va le découvrir lors d'un concert de plus de 10 000 personnes à l'Olympia Stadium de Detroit. Un moment de silence et d'étonnement quand il arrive sur scène. Il sourit, de ce grand sourire qui le caractérise, et lance : « Les amis, je sais que c'est un peu inédit de me voir-là, avec un bronzage permanent, pour vous chanter de la musique country and western, mais ça se trouve que c'est comme ça... » Il fera un triomphe.

En 1967, il est acclamé sur la scène du Grand Ole Opry, avec des ovations partant du balcon, la fameuse galerie des Confédérés. Au début des années 1970, il est l'interprète le plus vendu par RCA Records depuis Elvis Presley. Ses hits se comptent par dizaines et son album de compilation de 1969, The Best of Charley Pride, se vendra à plus d'un million d'exemplaires. Au cours de sa carrière, il aura vendu plus de 70 millions de disques.

Tous les amateurs de vraie country connaissent, par cœur et avec le cœur, les chansons de Charley Pride : Crystal Chandeliers, Kiss an Angel Good Mornin' (qui deviendra sa marque de fabrique), Louisiana Man, Me and Bobby McGee, Burgers and Fries, Oklahoma Morning, Roll on Mississippi, Is Anybody Goin' to San Antone, I'd Rather Love You, etc. Et on se doit de posséder, dans une cédéthèque country digne de ce nom, son album de reprises de Hank Williams, There's a Little Bit of Hank Williams in Me, avec notamment une excellente relecture de Honky Tonk Blues.

Music in My Heart, le dernier album de Charley Pride, après six ans de silence, date de juillet 2017. Pour aller plus loin (et découvrir Charley Pride au cas où vous seriez passé à côté d'un géant sans le voir), trois albums indispensables :

The Best of Charley Pride (RCA 1985)
Greatest Hits (RCA 1988)
The Essential Charley Pride (RCA 1997).

Alain Sanders

 

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