C'est à lire !
Chroniques de Ford County
de John Grisham

 

On peut dire, pour commencer, que John Grisham, écrivain prolifique, a vendu quelque 250 millions de livres (un grand nombre d'entre eux ont été adaptés au cinéma). Mais, ayant dit cela, on n’aura encore rien dit.

A moins d’égrener en même temps quelques-uns des titres de ses best-sellers : de L’Affaire Pélican à The Gingerbread Man en passant par Le Client, Le Testament, Le Dernier Juré, Le Contrat, L’Infiltré, etc. A quoi on ajoutera le dernier paru en France, les Chroniques de Ford County (chez Robert Laffont).

Ce livre est un tournant dans son œuvre : spécialiste du thriller, John Grisham signe là son premier recueil de nouvelles.

Il y en a sept, toutes se déroulant dans (et autour) de ce comté (imaginaire mais si peu) du Mississippi où il avait déjà situé l’action de son premier roman, Non Coupable : "Collecte sanglante", "Dernier trajet", "Dossiers poisseux", "Casino", "Huit ans après", "Havre de paix"(un petit joyau), "Un garçon pas comme les autres"(la moins réussie à mon goût, peut-être parce que la plus "politiquement correcte").

On est dans l’Amérique profonde. Celle de Jerry Lee Lewis qui vit à Clearwater, un petit bled perdu où j’ai naguère traîné mes bottes. On croit qu’il ne se passe rien de vraiment palpitant dans ces comtés du Deep South. Et pourtant…

Et pourtant tout peut très vite y déraper. Comme dans "Collecte sanglante"où trois rednecks, montés à Memphis pour donner leur sang à un ami hospitalisé après un accident du travail, vont se trouver embarqués dans une aventure qui les marquera à jamais.

On aime bien, aussi, les magouilles de cet avocat marron qui détourne les dommages et intérêts de ses clients trop confiants. Ou les manigances (« Havre de paix ») d’un surveillant de maison de retraite très attentif aux crépuscules des vieux…

John Grisham, c’est le pote qu’on aimerait avoir. On s’installerait avec lui, autour d’un bon feu, d’un verre de bourbon (et plus si affinités), pour l’écouter raconter l’histoire de ces gens ordinaires qui, à un moment de leur vie, basculent dans d’extraordinaires imbroglios.

Quand Non Coupable fut publié, il y a une vingtaine d’années, John Grisham explique qu’il découvrit que c’était encore plus difficile de vendre des livres que de les écrire… A l’époque, il acheta une centaine d’exemplaires de ce premier livre et, les ayant chargés dans le coffre de sa voiture, tentera de les écouler. Partout. Et même dans les librairies…

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts du Mississippi. Et le fleuve de ses livres (c’est peut-être pour cela qu’on parle de romans fleuves) n’a cessé de monter en puissance. Il est fécond toujours le Père des eaux qui a nourri Mark Twain et William Faulkner. Et John Grisham.

Alain Sanders

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