Jake Hinkson :

L’Enfer de Church Street

Oh, my God…

 

On nous dit de Jake Hinkson, que je découvre grâce à ce brûlot publié dans la collection NEONOIR des éditions Gallmeister, qu’il est originaire d’Arkansas. Avec cette précision : “Né en 1975, ce fils de prêcheur baptiste a commencé à boire à l’âge de trente ans. Il vit aujourd’hui à Chicago avec sa femme et un chat qui le regarde écrire”.

On espère qu’il a cessé de boire – outre mesure au moins – et qu’il a fini de régler ses comptes avec les prêcheurs baptistes. Grâce, notamment, à ce livre hallucinant.

Le jour où Paul, une petite frappe, braque un gros bonhomme sur un parking de Sallisaw, Oklahoma, il ne se doute pas de ce que cela va lui coûter. Le gros bonhomme en question, Geoffrey Webb, loin d’être effrayé par cette agression, propose au demi-sel trois mille dollars pour le conduire jusqu’à Little Rock, Arkansas.

Cinq heures de route. Pendant lesquelles Geoffrey raconte – on peut même parler de confession – à son compagnon de route une histoire effrayante. Une vie à côté de laquelle celle de Paul, braqueur minable, ressemblerait à une gentille bluette.

A l’âge de 15 ans, Geoffrey, qui n’a connu que les violences d’un père alcoolo et violent, décide de faire de la religion sa “profession”. Il ne croit ni à Dieu ni à Diable, il tient le job de prêcheur pour “ une arnaque écœurante ”, mais il sent qu’il peut en faire sa carrière : “Celui qui n’arrive pas à faire de l’argent dans le business de la religion n’a vraiment rien compris”.

Il trouve un premier emploi d’aumônier à l’Eglise baptiste de la Vie meilleure de Church Street à Little Rock, Arkansas. Sous la houlette du pasteur, Frère Card, marié, père d’une fille de 15 ans, Angela. Et il fait, à l’exception d’un membre suspicieux de la communauté, illusion, accomplissant avec régularité son office. A un détail près. Le commerce de lit qu’il va bientôt entretenir avec Angela.

A partir de là, descente aux enfers. L’Enfer de Church Street. Et d’abord parce que ses amours clandestines avec une mineure n’ont pas échappé au shérif Doolittle Norris qui est fait pour être shérif comme moi petit rat de l’Opéra…

Progressivement, step by step, meurtre après meurtre, Geoffrey s’enfonce dans une inéluctable dégringolade. Mais je ne vous en dit pas plus, bien sûr, vous laissant le plaisir de découvrir les innombrables rebondissements de ce livre noir, très, très noir.

“Un roman sauvagement psychotique et pourtant bizarrement rempli de compassion”, écrit la Los Angeles Review of Books. Un voyage au bout de l’enfer d’où le lecteur, comme tous les protagonistes de l’histoire, ne ressortira pas intact.

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Alain Sanders

– Editions Gallmeister.

 

 

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