La 23ème édition du
Country Rendez-Vous Festival
Texas ‘till I die !

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Quatorze groupes américains sur quinze ! Et en exclusivité française ! C’est ça Craponne. Et c’est ça qui en fait le tout premier – et en tous cas le plus authentique – festival français de country et un des tout premiers en Europe.

Disons les choses simplement : il n’y aurait eu, à Craponne, que la prestation de Daryle Singletary, cela aurait déjà été énorme. Dans la tradition des George Jones, Merle Haggard, Lefty Frizzel, il a fait comprendre à ceux qui n’auraient pas encore compris ce qu’est la real thing, la vraie country, aux antipodes de la soupe nashvilienne.

Mais le miracle, c’est qu’il n’y avait pas que lui ! Comme nous le confiait un festivalier qui, comme nous, est un fidèle de Craponne : « Chaque année, à la fin du festival, on se dit : on se demande bien comment Georges Carrier pourra encore faire mieux l’an prochain… Et pourtant, chaque année, il réussit à nous en mettre plein les yeux et les oreilles. »

Georges Carrier : "Tout est prêt, action !"

Tout a commencé, le vendredi soir, avec Kevin Buckley – il est français, il est country ! – qui, en 2008, avait reçu le Prix du Public des Artistes francophones (un jury au sein duquel on retrouve notamment Alain Sanders et Georges Carrier). C’est un bon. Profitons-en pour signaler qu’il sera, en mars 2011, la vedette (avec les Honky Tonk Farmers que l’on vit naguère à Craponne) de la cinquième Soirée Country du Lions Club de Sanary-sur-Mer, un grand show présenté et animé par Alain Sanders.

Pour lui succéder, une des révélations de ce vingt-troisième festival : Miss Leslie & Her Juke-Jointers. Des juke-jointers, c’est des honky-tonkers. Et Dieu (et Hank Williams) sait qu’avec elle on en a eu du style honky-tonk, du hard core, qui a enthousiasmé un public de connaisseurs. Du fiddle, de la steel guitar, et une voix à faire rêver les anges.

 

Kevin Buckler : il a joué dans la cour des grands

 
Miss Leslie, une des révélations du festival
 
Un public de plus en plus nombreux, émaillé de véritables connaisseurs
 

A peine le temps de s’en remettre et Johnny Da Piedade, excellent comme à son habitude, présentait un roc, une montagne, un monument : Big John Mills. From San Marcos, Texas, un vivier country où Georges Carrier va régulièrement faire son « marché ». Avec Big Johns, on a atteint des sommets. Guitariste de génie (énumérer le nombre d’awards et de récompenses qu’il a reçu prendrait plusieurs pages…), il a transformé d’un seul coup d’un seul la scène de Craponne en un véritable honky-tonk texan. Présent sur le site pendant les trois jours, pour prêter son talent aux uns et aux autres artistes, il se promènera en toute simplicité au milieu des festivaliers, sacrifiant avec une indicible gentillesse au jeu des photos et des signatures d’autographes. Et c’est là toute la différence entre ces grands de la country US, qui n’ont pas besoin de gardes du corps pour affirmer leur ego, et les nains de chez nous qui compensent leur maigre talent par des postures people ridicules…

L’un des « plus » de Craponne, c’est la place faite au bluegrass. Cette année, Georges Carrier a fait encore très fort en invitant le groupe le plus en vue à l’heure actuelle aux USA, les Grascals. Un groupe adoubé par les plus grands, de Tim McGraw à Charlie Daniels en passant par Dierk Bentley et Dolly Parton. C’est du Kentucky puissance cent et un talent à vous couper le souffle.

Big John Mills et René Moreau

 
The Grascals, les numéros 1 de la scène bluegrass
 
Radney Foster : en américain dans le texte

Il appartenait à Radney Foster, meilleur auteur-compositeur qu’interprète à notre sens, de terminer en beauté cette première journée. Mission accomplie. Avec des textes qui doivent s’écouter avec beaucoup d’attention. D’où l’obligation, répétons-le, de connaître l’américain (imaginez un Américain qui aimerait les mélodies très chiadées de Brassens et qui ne comprendrait pas le français…).

Samedi, nous avions des petits yeux. Mais, après un Jack Daniel’s ou deux (et un passage au festival off pour applaudir Eddy Ray Cooper, Texas Radio Show et Rockie Mountains qui se sont produits devant des centaines de spectateurs le samedi et le dimanche), nous étions sur le pré (le Grand Ole Opré…) pour acclamer les Quebe Sisters, originaires de Fort Worth : Grace, Sophia, Hulda, belles comme un premier matin du monde. Elles ont fait l’unanimité. Il ne devrait pas être permis d’être aussi jolies et de jouer du fiddle avec une telle dextérité. Leur prestation étant renforcée – et, là encore, les spécialistes ne s’y sont pas trompés – par leurs deux accompagnateurs, Joe McKenzie à la guitare et Drew Phelps à la contrebasse.

 

Eddy Ray Cooper : go, cat go !
 
The Quebe Sisters : elles chantent avec les anges

Inutile de dire qu’après les Quebe Sisters, la barre était placée très haut pour celui qui allait leur succéder sur scène. Eh bien, le défi a été plus que relevé avec Lucky Tubb qui n’est autre que le petit-neveu du légendaire Ernest Tubb. Ce dernier se produisait avec ses Texas troubadours. Son descendant fait un malheur avec ses Modern Day Troubadours, un twang à couper au couteau, une belle petite gueule de Sudiste et, sur son blouson, un drapeau confédéré sous lequel est inscrit : « Try to burn this flag, asshole ! » (« Essaie de brûler ce drapeau, trou du cul ! »). Preuve que bon sang ne peut mentir. Quant à son répertoire, c’est du Nashville pur jus, à l’époque où Music City ne se vautrait pas dans la country pop (si tant est qu’on puisse encore appeler ça de la country). Un des très, très grands moments de ce Country Rendez-Vous.

Sans nous laisser le temps de respirer, on est passé alors du honky-tonk pur et dur à un groupe bluegrass : Dale Ann Bradley-Steve Gulley & Fox Family. Dale Ann a été nommée Meilleure Chanteuse des années 2007, 2008 et 2009 par l’IBMA. On a vite compris pourquoi. Des voix extraordinaires (et pas seulement celle de Dale Ann), des harmonies époustouflantes et des compositions réglées au petit poil.

Lucky Tubb à Alain Sanders : "Toi aussi, tu aimes le Sud ?"

 

Pour aller au bout de ce samedi un peu frisquet (il peut faire froid à Craponne, même en été), deux têtes d’affiche, histoire de se réchauffer : Robert Earl Keen puis Ray Willie Hubbard. Le premier, c’est ce monsieur qui a fourni à George Strait, Johnny Cash, Lyle Lovett, Willie Nelson, Kris Kristofferson, Waylon Jennings et quelques autres du même calibre, des morceaux qui ont tous cartonné. Le second, un temps leader du mouvement progressiste country dans les années soixante-dix (avec son emblématique Redneck Mother), a montré que sa fibre et sa verve de Texan sont toujours intactes (les Texans, qui se pressent par milliers à ses concerts ne s’y trompent d’ailleurs pas).

Le temps de récupérer un peu – et la nuit de samedi à dimanche fut courte – et nous étions de retour pour faire un triomphe au groupe Lone Star Swing dont le nom est déjà tout un programme en soi. Et ça a effectivement western swingué comme à Luchenbach, au Broken Spoke d’Austin ou au Flores à Helotes.

Du Texas, direction la Louisiane avec The Doc Marshalls pour de la musique cajun, en anglais, certes, mais aussi dans ce français savoureux qui parle à notre cœur. On a donc laissé le bon temps – et Dieu qu’il était bon ! – rouler.

 
Dale Ann Bradley-Steve Gulley & Fox Family
 
Dale Ann Bradley
 
Robert Earl Keen : auteur, compositeur, interprète
 

Ray Wylie Hubbard : un redneck father

 
Lone Star Swing : des Texans pur jus
 
Doc Marshalls : en français dans le texte

On attendait avec curiosité Susan Hickman, cette jeune Texane de 24 ans que nous ne connaissions que par son excellent album. On n’a pas été déçu. Et d’autant moins qu’elle nous a littéralement bluffés en reprenant, à côté de ses compositions, les grands standards de Tammy Wynette, Gretchen Wilson, Tanya Tucker, etc. Et c’est encore un des grands « coups » de Georges Carrier que de nous avoir offert cette immense artiste en exclusivité européenne.

Nous avons ouvert cette chronique avec Daryle Singletary. Alors un seul mot de plus : pour dire que tant qu’il y aura des gens comme lui, la country, qui est la plus belle musique du monde ne peut que croître et embellir.

Chaque année, le Country Rendez-Vous Festival se clôt avec un groupe capable d’écrire le mot « fin » en lettres de feu. C’est ce qu’on fait Mitch Webb & The Swindles, de San Antonio, Texas, avec leur touche tex-mex à la Freddy Fender ou à la Flaco Jiminez. On serait bien resté deux heures de plus à les écouter. Suivant une tradition bien établie, ils ont invités pour un « bœuf » les artistes encore présents sur le site. Avec notamment, dans l’esprit de la Carter Family, un Will The Circle Be Unbroken de circonstance. La réponse s’impose d’elle-même : le cercle ne sera jamais brisé. La preuve, c’est que l’an prochain (si Dieu veut et que la rivière ne déborde pas, comme disait Hank Williams), nous serons au rendez-vous du Country Rendez-Vous. En attendant ce jour béni, God Bless Georges Carrier !

 
Country Music Attitude
 
Susan Hickman et Alain Sanders
   
Susan Hickman : chansons, gloire et beauté   Daryle Singletary : à coup sûr notre préféré   Merci Georges !
 
Alain Sanders et le guitariste de Daryle Singletary
 
Mitch Webb : la touche tex-mex
 
Big John MIlls : texan jusqu'au bout du médiator
 
Le b oeuf final. Ce n'est qu'un au revoir...

Reportage photos : René Moreau

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