Le 22e Country Rendez-Vous de Craponne :
God Bless Texas

 

Georges Carrier, qui drive le seul festival country européen digne de ce nom (ne serait-ce que parce que 98 % des chanteurs et des groupes qui s’y produisent sont américains), peut être satisfait : dès le vendredi, le 22e Country Rendez-Vous accueillait plus de monde qu’un samedi ! Mais il peut être inquiet aussi : le site, pourtant imposant, est en train de devenir trop petit…

Beaucoup de bonheur, donc, mais aussi, car il n’y a pas de beaux cowboys sans belles cicatrices, le chagrin d’annoncer la mort, dans la nuit du 24 au 25 juillet, d’un grand de la country et du rockabilly, Jean "Charles"Smaine, bien connu des lecteurs de Country Music Attitude dont il était l’un des piliers. Et il était encore présent dans notre numéro de juin. Georges Carrier n’a pas manqué de lui rendre hommage.

Dans la série "Ils sont français, ils sont country", Tahiana (le vendredi) et le duo de choc Marie Dazzler et Vicky Layne (le samedi) ont eu l’honneur d’ouvrir les concerts. Elles ont été à la hauteur de cet honneur (1).

Le programme de vendredi commençait très fort avec Paula Nelson : oui, oui, la fille de Willie ! Si l’expression « les chiens ne font pas chats » (sinon des hillbilly cats) veut dire quelque chose, elle s’applique à merveille à Paula Nelson. Et puis, pour suivre, l’une des "révélations" (avec Jeff Griffith) de ce 22e Rendez-Vous : W.C. Edgar. De la country hardcore, servie par un redneck de choc aux antipodes du politiquement correct et de la soupe nashvilienne : ses When You Don’t Buy American, Red, White and Black, Alcohol of Fame, galoperont à jamais dans la mémoire des festivaliers.

Le temps d’applaudir Owen Temple (un peu trop intello, peut-être, mais il en faut pour tous les goûts) et ce fut les Flatlanders : Jimmy Dale Gilmore, Butch Hancock, Joe Ely. Trois légendes ("trois de mes héros", dira Owen Temple) de la musique texane. On en rêvait. Georges Carrier l’a fait.

Nous avions de petits yeux (Craponne, ce n’est pas un festival pour biches froufroutantes) samedi matin. Mais nous les avons très vite ouverts, tout grands, pour accueillir Paul Eason, un Texan lui aussi, qui a emporté l’adhésion du public. A peine le temps de s’en remettre et The Figs, six très belles filles venues de Lafayette, Louisiane, occupaient la scène pour une prestation époustouflante et difficile à décrire : c’est tout autant audio que visuel, drôle, frais, enlevé, convaincant. Elles ont pris nos cœurs. Avec un supplément d’âme.

L’un des "plus" de Craponne – et Dieu sait s’il y a des "plus"à Craponne – c’est la place faite au bluegrass qui, d’année en année, remporte les suffrages des spectateurs. Premiers à s’y coller, Carrie Hassler and Hard Rain. La voix de Carrie au bal du violon du diable. Et des instrumentistes de génie. Il fallait donc finir ce samedi par du très lourd : Jo Dee Messina (à peine marquée par Nashville) et Eric Church, originaire de Caroline du Nord et en exclusivité à Craponne, ont assuré grave, comme on dit aujourd’hui.

Jo Dee Messina en répétition

 

Heads Carolina, Tails California, Hearts Craponna !

 

Avec Eric Church, backstage

Rose Alleyson dans les bras d'Eric Church

 

Avec Paula Nelson

 

Jeff Griffith nous dit tout... ou presque

Une des plus belles chansons de la country, signée Kris Kristofferson et magnifiée par Johnny Cash, s’appelle Sunday Morning Coming Down. A Craponne, les dimanches matins ressemblent aux samedis matins : on émerge tant bien que mal. Mais on est là, solide au poste. Comment faire autrement quand le spectacle démarre avec le meilleur groupe de bluegrass britannique, The Toy Hearts ? Ils sont tellement bons qu’ils ont été invités, et ça dit tout, à l’Annual International Bluegrass Association Convention de Nashville. On a vite compris pourquoi…

Autre grand moment, les Bastards Sons of Johnny Cash, ainsi baptisés par Cash lui-même de son vivant. Ils sont dignes de leur surrogate father. Côté révélation, encore, l’adorable Star De Azzlan (une Tex-Mex) qui a chanté en anglais, en espagnol et même en français avec, en hommage à Edith Piaf que son père admirait, une pétulante version de La Vie en rose.

Et Jeff Griffith que nous évoquions plus haut ? Ah…, Jeff Griffith… Toute la musique qu’on aime, la real thing, elle vient de là, elle vient des honky tonks. Pour vous donner une idée de la country attitude de ce gaillard, citons-le : "Si vous n’avez pas un fiddle [violon] et une steel guitar, ne me dites pas que vous faites de la country." Lui a tout ça. Et un timbre de voix – blood and guts – qui vous prend aux tripes.

Craponne est réputé pour ses apothéoses finales et ce fut une fois de plus le cas avec Matt Skinner (from Austin) bientôt rejoint sur scène pour un « bœuf » avec plusieurs des artistes programmés la veille ou l’avant-veille.

Un dernier mot ? Oui. Pour saluer Johnny Da Piedade, MC (Master of Ceremony) du festival depuis 18 ans. Sans lui, il manquerait quelque chose à Craponne.

A.S.

(1) A signaler aussi, côté "off", les prestations remarquées d’autres Frenchies : Dan Galli & The Driftin’ Boys, Tennessee Stud, Kevin Buckley.

Dis-moi Jeff...
W.C. Edgar. Dites-le avec des fleurs. Mmouais...
Le QG de Country Music Attitude à Bellevue-la-Montagne

Georges Carrier, l'homme aux clefs d'or

 

 

Jocelyne Carrier, le supplément d'âme de Craponne

 

Alain Sanders et Jean "Charles" Smaine (†) à Craponne en 2002

http://www.festivaldecraponne.com
Photos : S.B. (excepté celle de Jean "Charles" Smaine : Jacques Tranoy)

Retour

Tous droits réservés - Country Music Attitude 2009