James Lee Burke : Creole Belle

Dave Robicheaux pète les plombs

 

Creole Belle est la 19e aventure de la série “Dave Robicheaux” qui compte quelques belles réussites. A commencer par l’inégalé Dans la brume électrique avec les soldats confédérés. Et avec aussi – peu mais quand même – quelques coups de mous. Creole Belle, ouvrage volumineux (plus de 600 pages), ne restera pas comme un des grands crus de la série. Mais un James Lee Burke même moyen, reste encore bien au-dessus de la moyenne.

Ce qui est plus gênant, avec Creole Belle, c’est qu’on a une impression de déjà vu et de déjà lu. Avec les habituelles demeures antebellum où semblent devoir obligatoirement habiter des monstres, des personnages déclassés, une Louisiane inquiétante, infréquentable, poisseuse où seuls Robicheaux, sa famille, Clete Purcell et la très atypique policière Helene Soileau trouvent grâce aux yeux de Burke…

Dave Robicheaux, qui se remet de ses blessures par balles dans un hôpital de la Nouvelle-Orléans, reçoit la visite d’une jeune chanteuse, Tee Jolie Melton. Le problème, c’est qu’il est sous morphine et qu’il pourrait bien avoir “ rêvé ” cette visite. D’autant que Tee Jolie Melton, qui a fait naguère un petit succès avec une chanson intitulée My Creole Belle (d’où le titre du livre), a disparu depuis des mois…

Le jour où l’on retrouve le corps de la sœur de Tee Jolie, congelé dans un énorme bloc de glace, Dave décide de partir à la recherche de la belle Créole disparue.

Avec l’aide, bien sûr, de Clete Purcell, toujours armé comme un porte-avions et qui, de roman en roman, ressemble de plus en plus (et ce n’est pas un compliment) au dégoulinant Bérrurier des aventures de San Antonio (pas San Antonio, Texas, bien sûr, mais le commissaire créé par Frédéric Dard).

Chez James Lee Burke, les pourris ne le sont jamais à moitié. Qu’ils s’appellent Bix Golightly, Waylon Grimes, Didi Gee, Alexis et Pierre Dupree, ils sont pourraves jusqu’à la moelle. Ce qui explique qu’on puisse les abattre comme on détruirait des nuisibles.

Le côté plus original – et même le plus attachant – du livre, c’est qu’on fait la connaissance de Gretchen Horowitz qui se révèle être la fille de Clete Purcell, née de ses amours éphémères avec une prostituée. Métier de fifille ? Tueur à gages…

On comprend vite que les Dupree, père, fils et bru, sont, pour le premier, criminel de guerre et, pour les autres, de redoutables psychopathes. Du coup, il y a cent pages de trop dans le roman avec, au final, une bataille rangée façon Apocalypse Now qui traîne en longueur.

Trop d’horreur(s) tue l’horreur. Et, de ce fait, l’intérêt : on se doute bien que Dave et Clete vont se sortir de ce rififi où n’importe qui choperait une ou deux balles avant d’avoir pu dire “ouf”…

Mais la série “Dave Robicheaux” c’est aussi un petit monde que nous avons appris à aimer : Molly, l’épouse de Dave ; Alafair, sa fille ; Helene Soileau, fliquette de choc à qui il ne faut pas marcher sur les arpions. Et le Bayou Teche, les roses, les camélias, les magnolias, les jacinthes d’eau, les joncs et les cyprès engloutis. Une autre Louisiane qui ressemblerait à un premier matin du monde.

Alain Sanders

– Payot & Rivages, collection “ Rivages/Thriller

 

 

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