James Dickey : Delivrance
Georgia on my mind...

 

En France, on connaît surtout ce roman de James Dickey, Délivrance (1), par l’adaptation cinématographique qu’en fit en 1972, sous le même titre, John Boorman. Et ce film est notamment connu pour cette scène – devenue culte – où l’on voit un jeune montagnard albinos interpréter au banjo le morceau Dueling Banjos avec un des protagonistes du film qui joue, lui, de la guitare.

On retrouve cet épisode dans le roman, bien sûr. Sauf que le morceau joué là n’est pas Dueling Banjos, mais Wilwood Flower. A ce propos, un mot de Dueling Banjos. Ce morceau est attribué au banjoïste new-yorkais Eric Weissberg qui l’enregistra avec le guitariste Steve Mandell. Du coup, on laissa entendre qu’il avait écrit Dueling Banjos pour le film.

Il n’en est rien. Alors que le film date de 1972, le morceau avait été enregistré sous le titre Feuding Banjo (« Duel au banjo ») par deux banjoïstes country, Arthur Smith et Don Reno : en 1955 ! Le même morceau sera réenregistré, sous le titre Making Banjo, en 1957, par Carl Story and the Brewster Brothers. Et encore en 1963, sous le titre Dueling Banjos pour le coup, par les Dillards.

Auteur originel et original du morceau, Arthur Smith fit un procès à la Warner, productrice de Délivrance qui, de bonne foi, en avait crédité Eric Weinsberg. Arthur Smith gagna le procès. Rappelons que Dueling Banjos est, comme son nom l’indique, un exercice pour deux banjos (un quatre cordes et un cinq cordes) et non pour banjo et guitare comme dans Délivrance.

Cela posé, revenons au roman. Beaucoup plus prenant, psychologiquement plus fort, effrayant de bout en bout, que son adaptation cinématographique.

Avant que la rivière sauvage qui court d’Oree à Aintry en Géorgie, ne disparaisse sous un lac artificiel, quatre hommes, quatre citadins aux profils disparates, décident de la descendre en canoë.

Le leader, c’es Lewis. Il convainc Bobby, Drew et Ed, qui ne sont pas très chauds au départ, mus peut-être par une sorte de pressentiment, de l’accompagner. Le problème, c’est que Lewis va rouler des mécaniques face aux hillbillies du coin à qui ils demandent de convoyer leurs véhicules jusqu’à Aintry, étape finale de leur parcours.

Ils vont vite s’apercevoir qu’ils sont tombés dans un monde où les lois urbaines – à tous les sens du mot – ne sont plus de règle. Une rencontre avec deux montagnards, pas vraiment friendly, fait basculer leur destin. Pour le pire et pour le pire…

Avec Délivrance, publié en 1970, James Dickey (décédé en 1977), obtiendra en France le Prix Médicis étranger. En 1965, il avait obtenu le National Book Awards pour un recueil de poèmes, Buckdancer’s Choice. On parle aussi de Mère Nature dans Délivrance. Pour dire qu’elle peut être parfois une terrible marâtre.

Alain Sanders

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(1) Paru chez Flammarion en 1971, puis chez J’ai Lu. Les éditions Gallmeister en donnent aujourd’hui une très belle et très puissante traduction de Jacques Mailhos.

- Editions Gallmeister

 

 

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