Homeric : Dictionnaire amoureux du cheval

Des nouvelles du paddock

 

Sous le pseudonyme de Homeric se cache, mais de façon transparente, Frédéric Dion qui fut apprenti jockey dans les années soixante-dix. Puis il assura des chroniques très cavalières dans Libération pendant dix ans. C’est dire s’il est bien placé pour nourrir un Dictionnaire amoureux du cheval. Même si son passé sur les hippodromes le conduit à consacrer un nombre d’entrées important au monde des courses qui n’a pas forcément la faveur des cavaliers.

Le Prix de l’Arc de Triomphe, Bellino II, Freddy Head, Idéal du Gazeau, Ourasi, le tiercé, etc., se taillent donc la bonne part là où des adeptes de la monte western, par exemple, se seraient plus volontiers penchés sur le rodéo (absent de l’ouvrage), les cowboys (eux aussi aux abonnés absents) ou le Pony Express. Mais bon, c’est la loi du genre et un dictionnaire amoureux reflète par définition les amours et les passions de celui qui le compose.

Cela posé, on se régale. D’autant que Homeric parle intelligemment du polo nonobstant quelques sacrifices au politiquement correct : « En France, régulièrement, les prosélytes tentent de nous faire croire qu’il se démocratise. Les poules, de celles qui l’œil en soucoupe, ne cancanent pas que c’est vraiment un sport complet, attendent d’en avoir les dents qui poussent. »

J’ai joué des années durant au polo, en Ethiopie et au Maroc.

Quand je suis rentré en France, j’ai vite compris que je devrais me contenter d’assister aux matchs depuis les tribunes faute de moyens ad hoc. Oui, le polo est un sport qui coûte cher. Mais l’équitation en France – et plus encore si vous possédez un cheval, même un seul, est un sport qui coûte cher.

L’éditeur nous dit (à juste titre) : « Quel lyrisme dans les portraits des entraîneurs, des jockeys, des propriétaires, tout autant que dans les descriptions d’ambiance, du paddock et des champs de course. » Un monde qui, faut-il le dire, n’est pas plus démocratisé que le polo. Le seul populo qu’on y voit est le quidam désargenté qui vient jouer ses biffetons. On n’en appelle pas Pouliche-Secours pour autant…

« Ce dictionnaire amoureux, écrit Homeric, est le lit, ou plus exactement la litière, de cette passion qui m’anime depuis quarante-six ans. Mes amours y sont exclusives. Loin d’être exhaustives, elles sembleront parfois oublieuses, imparfaites, légères, empreintes de partis pris, certes… Mais je suis comme ils (les chevaux) me l’ont enseigné, libre. »

Après un tel aveu, on fait volontiers du botte à botte avec Homeric, chevauchant allégrement de Bartabas au western, des Indiens à Jolly Jumper, du Caravage à Paul Morand, de Jean Rochefort à Black Beauty. Avec un supplément d’âme : « J’aime tous les chevaux avec une affection toute particulière pour les plus beaux et les plus rapides d’entre eux, les pur-sang anglais, âpres forces du sang pur. Ils sont la colonne vertébrale de mon être et ma perpétuelle quête d’amour est née de ce jour où je fus bercé, en selle, par les staccatos de mon cœur. »

Alain Sanders

- Albin Michel

 

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