Au musée d'Histoire de Marseille

Le Wild West Show en Provence

Actuellement, et jusqu'au 31 octobre, se tient à Marseille, au Musée d'Histoire de Marseille, situé au Centre Bourse, une remarquable exposition sur un moment fort de l'histoire du grand spectacle dans la cité phocéenne alors au sommet de son rayonnement universel, qui vit se produire à deux reprises, en 1889 et en 1905 ( ce deuxième passage, en deux temps : fin 1905, puis début 1906) le célèbre William Cody, alias Buffalo Bill, avec sa troupe de plusieurs centaines de cavaliers acrobates, qui n'étaient pas seulement des cowboys, mais qui venaient du monde entier avec leurs montures. Spectacle ahurissant, « total », dirions-nous aujourd'hui, qui associaient danses indiennes, scènes de chasse aux bisons, dressage de chevaux sauvages, exercices de tir, attaques de diligences, au milieu d'incessantes galopades, de cris, de coups de feu, dans un nugae de poussière...

Mais, attention : il ne s'agissait pas seulement, dans l'esprit de Buffalo Bill, père du grand spectacle moderne, d'une parade de type « cirque », comme on en voit beaucoup aujourd'hui, et bien moins bonnes, mais de témoigner devant les foules, pour leur montrer « les différents peuples dans leurs costumes nationaux avant qu'ils ne disparaissent et n'appartiennent plus qu'aux peintres et à l'histoire ». Un sot a marqué sur le livre d'or de l'expo que celle-ci était « un pas de plus dans la mondialisation de Marseille ». Il n'avait bien sûr rien compris à cette évocation, qui est au contraire une condamnation de l'uniformisation actuelle, déguisée, si l'on ose dire, sous le vocable à la mode de « métissage généralisé ».

A l'époque, le succès avait été triomphal. Les Marseillais avaient même adopté le chapeau « à la Buffalo ». Autrement dit, le Stetson ! Mais, Buffalo Bill, de son côté, ne cachait pas sa fascination pour la Provence, celle de Mistral et du marquis Folco de Baroncelli, qu'il avait d'ailleurs rencontré en Camargue. Le marquis, fièrement campé sur son cheval, chapeau « scout » sur la tête, n'avait-il pas l'allure d'un Texas Ranger ? Et comment oublier qu'en 1921, un Français, né à Paris de parents hollandais, ancien cowboy ayant travaillé avec... Buffalo Bill, tournait en Camargue un western : Le Gardian ? (1).

Cette exposition est le fruit de la collaboration de plusieurs institutions et musées, mais elle porte en plus l'empreinte irremplaçable de quelques passionnés, collectionneurs gardiens de mémoire, notamment le docteur Alain Frère, à l'origine du projet, et à qui appartiennent nombre de documents exposés. A noter que cette exposition consacrée au Wild West Show en Provence prépare celle, très attendue, ayant pour thème « La mythologie de l'Ouest dans l'art américain, 1830-1940 », qui se tiendra cet été au coeur du Marseille historique, à la Vieille Charité.

Terminons par un must : à l'entrée se trouve un téléviseur, passant en boucle, deux vidéos de plus d'une demie-heure chacune. Une, sur le Wild West Show, évidemment, mais la seconde, sur Alamo. Toute l'histoire, superbement illustrée, et intelligemment commentée, de cette bataille historique, jusqu'à son issue fatale, et même au-delà, évènement majeur par sa portée historique mais aussi par les leçons qu'on peut en tirer sur le plan des « valeurs » (2).

A noter que l'entrée est libre, ce qui n'est pas si courant. Et qu'on peut acquérir à l'étage au-dessous, à la boutique du Musée, affiches et programme pour un montant très modique.

Pierre Dimech

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(1) C'est l'occasion de se replonger dans l'incontournable Histoire mondiale des westerns, (Editions du Rocher), du regretté Eric Leguèbe.
(2) ... et dans le Remember The Alamo (Editions de Paris), d'Alain Sanders.

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Du Lundi au samedi, de 12h à 19h. Jusqu'au 31 octobre 2008. Musée d'Histoire. Centre Bourse, Square Belsunce, 13001 Marseille. Tél: 04 91 90 42 22
Mail : musee-histoire@mairie-marseille.fr

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