Ross MacDonald (1915-1963) est – notamment – l'auteur de la série mettant en scène le détective privé Lew Archer (incarné deux fois sur les écrans par Paul Newman). Pour The New York Times Book Review, « la série Lew Archer est la meilleure série d'histoires de détective privé jamais écrite par un Américain ». A condition – quand même – de ne pas oublier Raymond Chandler, Dashiel Hammet, Mickey Spillane, Dorothy L. Sayers, Rex Stout, Chester Gould and so on...

De retour de la Seconde Guerre mondiale, où il servit comme officier de marine dans le Pacifique, Ross MacDonald publie quatre romans avant – en 1949 – Cible mouvante (Gallmeister) où apparaît pour la première fois Lew Archer.

Comme son père créateur, Lew est né en Californie et, comme lui, il a servi dans le Pacifique (et notamment à Okinawa, atoll sanglant s'il en fut). Après un passage dans les rangs de la police à Long Beach, Lew démissionne et ouvre un cabinet de détective privé sur Sunset Boulevard à Los Angeles. Installé par la suite à Santa Teresa (après avoir divorcé, non sans problème, de Sue), il va vite devenir la planche de salut et le dernier recours des riches familles de la côte californienne aux prises avec leurs rejetons incontrôlables.

C'est encore le cas dans La Face cachée du dollar (Gallmeister, coll. Totem).

Le directeur de la maison de redressement de Laguna Perdida signale la fugue de Tom Hillman, fils d'un navigateur très aisé. Lew reçoit de la famille de l'ado mission de le retrouver. Une drôle de famille qui, curieusement, rechigne à donner au privé les informations qui pourraient l'aider dans son enquête.

Il y aura bien une demande de rançon – un classique du genre –, mais Lew, qui flaire l'embrouille, préfère aller mettre son nez du côté du Dark's Motel, un boui-boui de derrière les Fargo. Et là, sonnez buccins, résonnez trompettes...

Même dans un environnement pourrave, Lew Archer, clean cut lad (et tranchant encela sur ses confrères), va toujours à l'essentiel. Selon le vieil adage qui veut que les principes sont les principes, les rues dussent-elles en ruisseler de sang.

Alain Sanders

– Gallmeister