Fats Domino, le lutin de la Nouvelle-Orléans

 

Lors du passage de Katrina en 2005, on avait annoncé la mort d'Antoine Fats Domino. C'était très prématuré. Mais cette fois, il n'y pas de doute, le lutin facétieux de la Nouvelle-Orléans, a rejoint le grand orchestre céleste. Il avait 89 ans.

Né le le 26 février 1928 à la Nouvelle-Orléans, dans une famille catholique de huit enfants, il aura une courte enfance : l'usine à 11 ans... A la maison, il y a un vieux piano droit sur lequel il apprend – tout seul – à jouer. Si bien qu'on l'invite bientôt à venir distiller du boogie-woogie dans les clubs du coin. C'est dans l'un de ces beuglants improbables qu'il va rencontrer Robert Buddy Hagans qui l'accompagnera au saxo pendant vingt-cinq ans.

Son surnom de Fats (« le potelé »), Antoine le doit à sa confortable densité pondérale, bien sûr, mais aussi par référence au pianiste de jazz Fats Waller. A 21 ans, il signe avec la prestigieuse maison de disques Imperial. Son premier enregistrement, Fat Man (relecture d'un morceau plus ancien, The Junker's Blues), est un succès. Dès lors, il ne fera que des tubes : de I'm Walking à Blueberry Hill en passant par Goin'Home, Ain't That a Shame, Poor Me, Blue Monday, My Girl Josephine, etc.

Fats Domino, c'est la quintessence de la country, du rock, du blues, du zydeco, du swamp blues, du cajun, du dixieland, du rythm'n'blues, du brass bands. En 1986, il avait été classé parmi les dix plus grands interprètes de rock'n'roll.

Aux côtés d'Elvis Presley, qui, couronné « roi du rock », dira : « Le vrai king, c'est Fats Domino ».

En 2006, comme un pied de nez à ceux qui avaient annoncé sa mort prématurément, il avait enregistré son dernier album, Alive And Kickin' (« vivant et plein de fougue »), pour aider les musiciens amateurs de la Nouvelle-Orléans impactés par Katrina.

En français, il n'y a qu'un seul livre sur cette légende. Celui de Jean Edgar Prato, Antoine Fats Domino, sous-titré : « Le lutin au big beat ». Prato, qui a bien connu Fats Domino in situ en Louisiane, et qui l'a accueilli lors de ses tournées en France, le fait vivre avec cent anecdotes savoureuses (à tous les sens du terme car Fats Domino était un grand amateur de bons plats).

Dans ce livre passionnant, on retrouve l'univers musical dans lequel évolua Fats Domino, mais aussi l'univers géographique qu'il ne quitta jamais : le Mississippi (« le père des eaux »), la Louisiane, le pays des cyprès et des magnolias, les pélicans et les cocodriles (comme disent les Cajuns), le « bon manger », les petites villes où on laisse « le bon temps rouler »au rythme d'une valse à deux temps... Fats, le gentleman louisianais est allé rejoindre ses amis musiciens. Pour l'éternité.

Alain Sanders

 

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