Roger Seiter-Chris Regnault

Leave them Alone
Go West, Women (mais à vos risques et périls…) !

 

L’Arizona au printemps 1874. Le printemps, certes, mais pas de saisons pour les rascals : printemps, été, automne, hiver, ils volent, violent et tuent comme qui respire… A Flagstaff, après l’attaque d’une troisième diligence (avec massacre de ses occupants), la Westbank s’inquiète de prendre des mesures radicales. Malgré le shérif qui s’estime trop mal payé pour risquer inconsidérément sa vie…

Pendant ce temps, au relais de la Wells Fargo, à Dead Indian Peak, à mi-chemin entre Flagstaff et Sedona, Marian Potter, qui n’est plus un perdreau de l’année, et sa petite-fille, Elfie, font tourner la boutique. Avec l’aide d’un Navajo taiseux, Mad Wolf. C’est d’ailleurs Mad Wolf qui offre à Elfie, pour ses 18 ans, une Winchester modèle 1873. En principe pour chasser et approvisionner le relais en viande fraîche. En principe…

Un pistolero, engagé par la Westbank, Lew Mac Sween, et une fille de saloon, Mattie Silks (en cavale pour échapper à son « protecteur »), Mattie Silks, vont faire route ensemble jusqu’à Dead Indian Peak. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Marian y reçoit Lew comme un indésirable à qui elle demande de repartir dès que possible. Est-ce parce qu’il se pointe avec les cadavres de deux salopards qu’il a tués pour arracher Mattie de leurs griffes ? Pas sûr…

Pas question, évidemment, de donner les raisons de l’animosité inattendue de Marian à l’égard de Lew. Quitte à dire, cependant, que Lew semble avoir été le mari d’Helen, la fille décédée de Marian et que… mais chut !
La suite se décline de manière assez classique dans un western. Des tueurs sans pitié. Une malle remplie d’argent. Des conducteurs de diligence trop confiants. Un shérif pourave. Etc.

Mais le « truc en plus » de cette somptueuse BD crépusculaire signée Roger Seiter et Chris Regnault, deux virtuoses de la chose, c’est la mise en perspective de ces trois femmes qui, réduites à leur seule volonté de tenir, montrent que l’Ouest sauvage n’est pas seulement un univers de mâles brutasses : Elfie, toute jeunette, ne craquera pas face à des cruautés indicibles ; Mattie, la dessalée ne cédera sur rien ; Marion, une Ma Potter qui en a vu d’autres, sait se servir d’une arme comme un vieux soldat.

Retranchées et assiégées dans le pauvre relais de la West Fargo, les trois femmes tiennent tête au bunch sauvage prêt à les découper en morceaux. La première – et dernière – erreur des tueurs sera de compter pour du gibier facile ces trois femmes, trois misérables femelles qui, dans le Wild West très machiste ne comptent pas.

A la toute fin (mais est-ce vraiment la toute fin ?), Mattie promet de s’occuper d’Elfie (dont le destin l’a touchée) aux côtés de Marian qui commence à avoir de l’âge et du plomb dans l’aile (au sens propre du terme d’ailleurs). Jours tranquille à Dead Indian Peak ? Qui sait…

Pas question, là encore pour ne pas gâcher le plaisir des lecteurs de parler du rebondissement final astucieusement mené. Mais un mot néanmoins : ne pas se fier au mot « fin » qui semble clore le récit : trois planches réjouissantes sont encore à découvrir !

Alain Sanders

Editions Grand Angle

 

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