New York, New York !

Colin Harrisson  : Manhattan Vertigo

 

Cela faisait huit ans que l'on attendait le nouveau thriller de Colin Harrisson. Après (notamment) Corruptions (1995), Manhattan nocturne (1997), Havana Room (2005), La Nuit descend sur Manhattan (2009), L’heure d'avant (2010), on retrouve la jungle urbaine new-yorkaise. Avec Manhattan Vertigo (titre original : You Belong To Me) qui, comme à l’habitude, décoiffe.

Et, comme à l'habitude, on retrouve la faune de cette jungle urbaine pas forcément sympathique et presque jamais recommandable. Des nantis qui tueraient père et mère pour être encore plus riches, des femmes calculatrices et qui ont toutes les excuses du monde de l'être, des avocats sur le fil de la légalité, des nervis au front bas, etc.

Ici et là, aussi, des réflexions pas vraiment politiquement correctes. Comme cette appréciation de la situation française qui ne fera pas plaisir à tout le monde (et pourtant...) : « Aujourd'hui la France n'était plus qu'un État-musée affaibli, une puissance de second ordre, sans pétrole, plombée par un coût du travail élevé et une population d'immigrés musulmans marginalisés en colère qui finiraient par détruire sa fameuse culture, quand bien même elle leur garantissait des libertés dont ils n'auraient jamais pu rêver dans leurs pays d'origine ».

Jennifer, originaire d'une famille modeste de Pennsylvanie, a épousé Ahmed Mehraz, d'une famille d'Iraniens venus se réfugier aux États-Unis à la chute du shah. C'est un puissant businessman qui se verrait bien faire une carrière politique, pourquoi pas gouverneur....

D'où son mariage intéressé avec Jennifer : plus blonde, plus blanche, plus roots qu'elle, difficile à trouver. Suffisant pour faire oublier que Mehraz le moslem n'est pas arrivé sur le Mayflower, lui ? Pas sûr...

Jennifer s’est liée d'amitié avec le voisin de palier du couple, Paul Reeves, avocat réputé et collectionneur de toutes les cartes de New York depuis les tout débuts de ce qui n'était alors qu'un bourg. Il en a des dizaines. Des très rares. Mais il est prêt à tout pour en acquérir une exceptionnelle, unique, hors de prix. Une carte datée de 1776, annotée par George Washington.

Avant d'épouser Mehraz, Jennifer, alors toute jeunette, avait craqué pour un beau Texan, Bill Wilkerson venu jouer au football américain en Pennsylvanie. Ils s'étaient perdus de vue et Bill était parti se battre sur tous les fronts. De retour au pays, c'est un héros fatigué qui aspire à retrouver son amour de jeunesse pour l'emmener vivre dans son ranch du Hill Country, du côté de Comfort et de Borne à l'ouest de San Antonio.

Bill et Jennifer se revoient à New York . Et ça repart comme en quarante. Dans la confidence, Paul Reeves, qui sait que Mehraz ne va pas aimer ça du tout, essaie de protéger les deux imprudents. Mais Mehraz est alerté par le détective chargé de surveiller Jennifer et, ayant des notions très étroites de la propriété conjugale – d'où le titre original du roman, Tu m'appartiens –, il va lâcher des bras cassés de la diaspora iranienne et des tueurs à gage mexicains muy calientes. Fatal engrenage...

« Un thriller urbain de première classe », écrit Entertainment Weekly. Et de quoi sans doute inspirer un film tant Colin Harrisson a un talent d'écriture éminemment cinématographique. Un seul souhait : qu'il n'attende pas huit ans pour nous livrer son nouvel opus !

Alain Sanders

– Belfond/Noir

 

 

Tous droits réservés - Country Music Attitude 2018