QUOI DE NEUF ? MARILYN !

Et deux livres pour le dire : sa Confession inachevée et les
Mémoires imaginaires de Marilyn
de Norman Mailer

 

Comme le titre du livre le dit bien, cette Confession n’est qu’une petite partie – et inachevée – des mémoires que Marilyn avait commencés et qu’elle interrompit pour des raisons que l’on ne connaîtra jamais.

En 1954, l’agent d’acteurs Charles Feldman contacte le scénariste – et grand écrivain, et grand ami de Marilyn – Ben Hetch pour lui demander d’aider l’actrice à écrire ses mémoires. Et plus que ça : sa vérité. A 28 ans, écœurée par les bêtises et les méchancetés qu’elle lit sur son compte dans les feuilles à scandales de Hollywood, elle a envie de corriger le tir et de remettre les pendules à l’heure. Elle commencera donc à dicter un texte à Ben Hetch qui se chargera lui de mettre tout ça en forme.

« Pour des raisons personnelles », Marilyn choisira d’interrompre cette collaboration et ses mémoires – inachevés donc – s’arrêteront à la période DiMaggio. C’est dommage. Car ce qu’elle nous dit dans la partie qui nous est parvenue est non seulement très émouvant, mais aussi passionnant de bout en bout.

Pour ce qui est de la petite histoire littéraire de ce texte, il faut savoir que Marilyn avait confié le manuscrit au photographe Milton Greene. Ce n’est qu’en 1974, douze après la disparition de l’actrice, qu’il se décida à le publier. Confession inachevée, publié en France il y a trente ans, était épuisé depuis longtemps. D’où l’excellente initiative des Editions Robert Laffont de le republier (avec un cahier photos de toute beauté, ce qui est facile, Marilyn en état le sujet et l’objet…).

Qui était Marilyn ? Une fille bien. Et s’il ne fallait donner qu’un exemple de son être véritable, loin des interprétations sulfureuses de sa personnalité, nous donnerions cette citation extraite de sa Confession : « A Hollywood, la vertu d’une fille a beaucoup moins d’importance que le style de sa coiffure. On vous juge sur votre apparence, pas sur le reste. Hollywood, c’est un endroit où on vous offre mille dollars d’un baiser et cinquante cents de votre âme. Je le sais, j’ai assez souvent refusé la première proposition et tenu bon pour les cinquante cents. »

Elle n’était dupe de rien. Et d’abord de sa propre fragilité. C’est le cœur serré qu’on lit, quand on connaît la suite de l’histoire, cette phrase : « Oui, il y avait quelque chose de spécial chez moi, et je savais ce que c’était. J’étais le genre de filles qu’on retrouve morte dans une chambre minable, un flacon de somnifères vide à la main. » (1).

Dans le même temps qu’elles rééditent cette Confession inachevée, les Editions Robert Laffont republient, dans leur collection « Pavillons Poche », l’ouvrage de Norman Mailer, Mémoires imaginaires de Marilyn.

Un jour, Marilyn a dit : « Il faut avoir certains secrets qu’on garde pour soi et qu’on ne laisse voir à tout le monde que pendant un moment, quand on joue. » La Confession inachevée s’achève avec DiMaggio. Le livre de Mailer, immense écrivain lui-même torturé, un livre écrit en 1982, commence en gros quand Marilyn quitte DiMaggio pour le très intello Arthur Miller, qu’elle va d’ailleurs épouser (ce qui, soit dit en passant, fut une très mauvaise idée).

 

Il fallait être culotté et avoir le talent de Mailer pour oser se mettre ainsi dans la peau de Marilyn. Il n’empêche que le résultat est là et que Mailer a réussi à faire vivre – et revivre – une Marilyn que l’on a envie de prendre dans ses bras (2). La quatre de couverture résume assez bien la démarche de Mailer et sa réussite : « C’est elle qui parle ici, évoquant les temps forts et parfois tragiques d’une vie aux succès incertains, aux amours difficiles (3), aux lendemains alourdis par un passé sans cesse recommencé. On trouvera dans ces pages le portrait le plus bouleversant jamais tracé d’une femme pour qui le bonheur fut une oasis reculant sans cesse, comme un mirage à l’horizon. C’est Mailer qui tient la plume, et c’est Marilyn que l’on entend. »

Nonobstant les libertés que prend Mailer en attribuant, par exemple, à Marilyn un petit livre qu’elle n’a jamais écrit et en introduisant dans le récit des personnages de fiction, on pardonne tout à l’auteur parce qu’il est porté par une empathie qui ressemble à de l’amour. Et qui le fait s’écrier : « Trois hourras pour Marilyn. Trois hourras pour Hélène de Troie. »

Alain Sanders

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(1) En n’oubliant pas que Marilyn est cependant morte dans des conditions pour le moins suspectes.
(2) Rappelons que Mailer avait déjà consacré une biographie à Marilyn où il concluait à son assassinat (parce qu’elle « gênait » les Kennedy).
(3) Nous dirions quant à nous : des amours impossibles.

 

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