Des polars à la devanture des livraires

 

William Gay : Stoneburner

Né en 1941, à Hohenwald, Tennessee, William Gay (décédé en 2012) est considéré comme le maître de ce genre particulier qu'est le Southern Gothic (le gothique sudiste) qui consiste à « habiller » des polars déjà très noirs de touches grotesques (au sens premier du terme), voire surréelles. Il est l'auteur de six romans dont quatre ont été publiés en France pour l'heure. Dont Stoneburner qui raconte les tribulations de deux anciens du Vietnam, Stoneburner et Thibodeaux (joli nom cajun !). Le premier est détective privé. Le second est un brave gars, fracassé par des années de guerre. Et très imprudemment amoureux de la sulfureuse Cathy, égérie de Cape Holder, un ex-shérif plus dangereux qu'un nid de rattlesnakes. Le jour où Stoneburner accepte de retrouver, pour le compte de Cape Holder, la belle Cathy partie en cavale avec Thibodeaux et le magot dudit Holder, c'est un voyage apocalyptique à travers le Tennessee, le Mississippi et l'Arkansas qui s'engage. Avec, distillées sur l'auto-radio d'une Cadillac qui a (peut-être) appartenu à Elvis Presley, les chansons country de Tammy Wynette, Ernest Tubb, Elba Montgomery, George Jones and son on... (Gallimard/La Noire.)

Arturo Pérez-Reverte : Falco

Révélé par Le Tableau du maître flamand (Lattès, 1990), adaptateur (ce qu'on sait peu) des chansons de Jean-Pax Méfret en espagnol, Arturo Pérez-Reverte est l'écrivain castillan le plus vendu dans le monde. Avec quelques trésors : Le Club Dumas ou l'ombre de Richelieu (1994), Le Hussard (2005), Deux hommes de bien (2017), la série des aventures du capitaine Alatriste (sept volumes parus à ce jour), etc. Mais on a une affection particulière pour Falco qui se déroule pendant la guerre d'Espagne. Falco, c'est le nom d'un aventurier, un peu mercenaire sur les bords, lieutenant de vaisseau de son état officiel, qui accepte – nous sommes en 1936 – de mettre ses talents au service du camp nationaliste. Il n'est pas vraiment franquiste, mais les Rouges lui donnent des boutons, alors... On lui confie une mission à hauts risques : passer en zone rouge pour organiser l'évasion de José Antonio emprisonné à Alicante. Sur place, il peut compter sur l'aide de phalangistes prêts à tout pour sauver pour el jefe de la Phalange. On sait que, malheureusement, cette opération, effectivement historiquement envisagée, sera finalement abandonnée (pour des raisons pas vraiment glorieuses pour Franco). José Antonio sera fusillé par les Rouges, on le sait, mais un temps on se dit que Falco, peut-être... Mais non, hélas. (Seuil/Points.)

 

 

Ragnar Jonasson : Snjor

Les enquêtes policières de Ragnar Jonasson, l'autre grand du polar islandais avec Arnaldur Indridason, se déroulent dans une petite ville à l'extrême nord de l'île, Siglufjördur. Le héros en est Ari Thor (prononcer : Sor), sorti de l'école de police de Reykjavík. Snjor (« neige ») est sa première enquête et Siglufjördur sa première affectation. En guise de bienvenue, un vieil écrivain qui fait une chute, (apparemment) accidentelle, dans le théâtre de la ville, et le corps d'une femme largement dévêtue abandonné dans la neige (il neige toujours à Siglufjördur). Trois autres enquêtes – pour l'heure – ont suivi : Mörk (« objectifs ») en 2017, Nàtt (« nocturne ») en 2018 et Sott (« fièvre hémorragique ») également en 2018. Avant d'écrire des romans policiers, Ragnar Jonasson traduisait en islandais les romans d'Agatha Christie, excellent exercice soit dit en passant. Sa famille est ancestralement enracinée à Siglufjördur, ville paisible où il a décidé d'imaginer – mais les habitants ne lui en veulent pas et d'autant moins que les fans des romans de Jonasson viennent en pèlerinage littéraire dans la région désormais – les pires abominations. (La Martinière.)

Jean-Michel Conrad : Biesenberg

Nous avons déjà eu l'occasion de signaler les ouvrages « coups de poings » de Jean-Michel Conrad, ancien de la PJ jusqu'en 2011 quand il a rendu sa carte et son arme. Mais ni son âme ni son punch qu'il fait passer dans ses livres (tous publiés chez Godefroy de Bouillon) : Inspecteur à la PJ, témoignage d'une époque révolue (2016), De la jungle à la brousse (2017), Les Hyènes (2017), Le Petit Chien blanc (2018). Dernier paru, Biesenberg, du nom de ce grand massif forestier des Vosges. Quand Rodolphe utilise un chalet de chasse perdu dans le massif pour servir de « nourrice » (en argot, une cache pour des trafiquants de drogue), il le fait à l'insu du grand-père de sa petite amie Veronika. Ce n'est pas une bonne idée. Le grand-père en question, André Bonlaron, n'est pas du genre à être tendre avec les crevures. Un peu style Jean Gabin dans La Horse si vous voyez ce que je veux dire... Lui, les nuisibles, il ne discute pas avec eux, il les éradique. Sans s'encombrer de la loi,des argousins et autres pandores. Qui pointeront néanmoins leurs nases. (Godefroy de Bouillon.)

Alain Sanders

 

 

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