Jake LaMotta : Raging Bull
Rock around the clock

 

Belle et riche idée que celle des Editions 13ème Note que d’avoir réédité (et très élégamment, ce qui est la marque de fabrique de cette maison d’édition), les mémoires du boxeur Jake LaMotta, alias Raging Bull (« le taureau furieux »).

A l’occasion d’une précédente réédition chez Da Capo Press, en 1977, Nick Tosches – par ailleurs grand spécialiste du vrai rock et de la country – écrivit : « Ce livre est beaucoup plus qu’une suite de récits de boxe, il va bien au-delà des habituelles foutaises à la sauce naturaliste. Si l’endurance de Jake sur le ring constituait un exceptionnel témoignage sur la nature humaine, Raging Bull nous offre un non moins rare aperçu sur une âme tapie derrière un aveuglant ouragan de – oui, ce titre est parfait – de rage. »

Dans l’Amérique de la Grande Dépression, Jake n’est rien d’autre qu’un petit délinquant d’origine italienne qui rêve de devenir un caïd bourré de pognon, avec des femmes plein son plumard, roulant en Cadillac, avec un grand appart, passant ses vacances à Miami et offrant une belle maison à sa Mamma.

Né dans le Bronx, à New York, en 1922, champion mondial de poids moyens en 1949, Jake réalisera ses rêves. Et plus. Mais, la rage au ventre, il remettra tout en jeu, vivant jusqu’à l’excès, se laissant aller à la décadence et à la débauche.

Jake LaMotta avait le choix. Soit devenir un obscur porte-flingue de la Mafia. Soit canaliser son incroyable violence sur le ring. Il va choisir la deuxième voie, poussé en cela par un aumônier – on est très catholique chez les LaMotta – lors d’un séjour dans une prison pour délinquants mineurs. Son heure de gloire, ce sera d’arracher le titre de champion du monde au tenant du titre, le légendaire Marcel Cerdan.

LaMotta ne cèle rien de sa vie chaotique, de ses premiers « combats » (organisés par son père, alcoolique chronique, alors qu’il n’avait que huit ans...), de ses dérives, de sa fascination pour les armes, de l’assassinat (il n’avait pas quinze ans) d’un bookmaker, de ses violences conjugales, des filles et de l’alcool qu’il consomma avec la même gloutonnerie.

Dans les années cinquante, incapable de gérer une gloire qui lui avait tourné la tête et les sens, il enfile les combats ratés, ce qui lui vaudra dans la presse des titres assassins : « LaMotta lamentable ». Il retournera en prison et finira par raccrocher les gants pour se reconvertir dans le théâtre et le cinéma. Son avocat lui conseillera d’écrire un livre. Ce sera ce Raging Bull rédigé avec la complicité d’un journaliste, Joseph Carter, et d’un ami d’enfance, Peter Savage. Ce livre, on le sait, a inspiré un film au titre éponyme à Matin Scorsese en 1980, avec Rober DeNiro dans le rôle titre.

Aujourd’hui âgé de 91 ans, La Motta, apaisé semble-t-il, vit avec sa sixième femme, Denise, entre New York, ville de sa jeunesse, et Miami, ville de sa réussite. Ancré sans doute dans sa « philosophie » d’ado rebelle : « Il ne faut jamais faire confiance à personne, un point c’est tout ».

Alain Sanders

 
 

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