Robert Olmstead : Le Voyage de Robey Childs

Voyage au bout de l'enfer...

 

Né en 1954, élevé dans une ferme du New Hampshire, Robert Olmstead est aujourd’hui directeur du programme de Creative Writing de l’université Wesleyan dans l’Ohio. Il est l’auteur, pour l’heure, de sept romans dont ce Voyage de Robey Childs (titre original : Coal Black Horse) publié par les Editions Gallmeister. Dans une traduction de François Happe.

Nous sommes en 1863. Le 10 mai très exactement. Dans le Sud où le poids de la guerre est de plus en plus prégnant. Hettie Childs appelle son fils, Robey. Pour lui expliquer qu’elle a vu, en songe, son mari, et donc le père de Robey, menacé par un grand danger :

– Tu dois partir à la recherche de ton père et tu vas le ramener chez lui.

Robey Childs a 14 ans. Il n’a, pour seul viatique, qu’une courte veste réversible : bleue s’il croise des Yankees, grise s’il croise des Sudistes… Il part donc pour un long périple – un voyage initiatique – qui justifie bien le titre en français retenu par le traducteur. Même si un superbe étalon noir charbon (coal black horse) dont lui a fait cadeau un voisin, le vieux Morphew, va jouer un rôle important dans cette aventure

Les (més)aventures vécues par Robey sont éminemment américaines, tant par la forme, le ton et l’écriture du récit que par son enracinement dans une période clef et fondatrice des Etats-Unis : la guerre entre les Etats (la guerre dite de sécession). Mais elles relèvent en même temps d’un genre littéraire typiquement espagnol à l’origine, le roman picaresque (1).

Le roman picaresque met en scène une sorte de anti-héros, le picaro, qui – au fil de ses aventures, de ses voyages, de ses rencontres - se forge une personnalité, s’aguerrit, s’élève éventuellement au-dessus de sa condition, se dépasse.

C’est exactement ce qu’il advient de Robey Childs, jamais sorti des limites de son county et très vite confronté à des situations auxquelles il a du mal à faire face. Avec sa veste d’uniforme, teinte avec du sulfate de fer et des coquilles de noix d’un côté, d’un envers bleu de l’autre, il part à la recherche de son père. Avec ces seules recommandations de sa mère : procure-toi des revolvers le plus rapidement possible et tire le premier si besoin est…

Il fera de belles rencontres. Et d’autres qui sont près de lui coûter la vie. Il y a la guerre qui rôde. Et des rôdeurs, des déserteurs des deux camps, pour qui la vie d’un homme – et a fortiori celle d’un gamin – ne compte pour rien.

Il sera pris dans la fournaise de Gettysburg où il retrouve son père, la joue déchiquetée par une balle qui a laissé un trou noir avant de faire le tour de son crâne et de ressortir par la tête. Mais il arrachera aussi une jeune fille, Rachel, aux griffes d’un sale type. Il tuera pour la défendre. Et il tuera pour défendre sa propre vie.

Un voyage au cœur des ténèbres. Et, au bout, quelque chose qui ressemble – peut-être – à l’aurore…

Alain Sanders

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(1) Avec deux romans qui font référence : le Lazarillo de Tormes (1554) et le Guzmàn de Alfarache (1599).

 

 

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