Patrick Mahé
Rock Made In France

 

A côté d’ouvrages consacrés au sport, comme Allez les Verts ! (Denoël, 1977), Platini, ma vie comme un match (1989), Patrick Mahé est l’auteur de livres sur la country music (dont un excellent roman, Memphis Blues, Albin Michel, 1984) et le vrai rock’n’roll dont un Johnny de A à Z (Albin Michel, 1984) et deux hymnes au King : Sur la route d’Elvis (Grasset, 2002) et Les Amours d’Elvis (Editions du Rocher, 2007).

C’est dire qu’il est the right man in the right place, lui l’enfant des sixties pour bâtir – sous le forme d’un gros album somptueusement illustré, Rock Made In France – un monument à la mémoire des petits Frenchies qui, alors que l’Amérique était passée à autre chose (ce qu’on appelle les sixties en France, c’était les fifties aux Etats-Unis), allaient s’engouffrer sans complexe dans la rock’n’roll attitude.

Il n’est pas dupe pour autant : « Rock made in France. Cela commence par une hérésie (en fait un clin d’œil) comme si le rock’n’roll était de création française, la bonne blague ! C’est ainsi, en tout cas, que nous ouvrons l’armoire aux Souvenirs, souvenirs, en décrétant 1961 comme l’année de l’apogée du rock en France. »

Quelque chose de Tennessee chantait naguère un de ces Frenchies. Mais, plus que de Tennessee Williams, ils avaient quelque chose du Tennessee et leurs chansons devaient tout (ou presque) à la country et à son héritier, le rockabilly : « Petit à petit, le rideau s’ouvre sur une fantasmagorie dont les repères ont pour principaux jalons Memphis et Nashville dans le Tennessee. L’usine à rêves s’emballe entre blues du Mississippi, rock des Hillbilly, et country music à relents western. Un inépuisable vivier dont le Vieux Sud (Dixieland) s’impose en porte-drapeau étoilé. »

Et tous, les modèles de nos Frenchies, s’ils furent un jour rockabilly, furent d’abord country : d’Elvis à Roy Orbison en passant par Buddy Holly, Gene Vincent, Eddie Cochran, Johnny Cash, Rick Nelson, Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, etc.

Soixante ans plus tard, s’il n’y a pas eu de relève – contrairement à ce que Patrick Mahé veut gentiment laisser croire – il y a des survivants qui font beaucoup plus que la figuration. Il y a certes ceux qui ont trahis (et on ne donnera pas de noms pour ne fâcher personne…) et ceux qui sont restés « purs et durs » (à commencer par Dick Rivers, pour ne citer que ce nom-là). Grâce à ceux-là, la fête continue.

Cet album, c’est un peu notre madeleine de Proust. Avec les pochettes de 45 T, les juke-box, les scopitones, les pompes en daim bleu, les affiches vintage, les scooters, les Triumph, les ducktails et les coupes « banane », les flippers et les Teppaz. De quoi renforcer nos celtitudes. Normal : Patrick Mahé n’est-il pas – aussi – le président du Salon du Livre en Bretagne ?

Alain Sanders

– EPA-Hachette. Editions du Chêne.

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