Steve McQueen
Terence Stephen McQueen voit le jour le 24 mars 1930 à l’hôpital Beach Grove d’Indianapolis. C’est chez son grand oncle qu’il va grandir, à Slater, dans un petit ranch du Missouri. Son enfance est marquée par la séparation de ses parents. En effet, William McQueen abandonne sa jeune épouse et Steve ne connaîtra jamais son père.
A l’âge de 6 ans, sa mère revient le chercher pour l’emmener à Los Angeles où elle vit désormais avec un homme qui n’aimera pas beaucoup le petit garçon. Cette période est l’une des plus difficiles pour lui et, beaucoup plus tard, il ne l’abordera que très peu au cours des interviews où on lui demandera d’évoquer son enfance. Steve serre les dents jusqu’à 14 ans. Il fait une fugue après une dispute avec son beau-père.

C’est la police qui le ramène à la maison. Ses parents décident de le placer dans une école spécialisée pour les enfants à problèmes, le “Junior Boys Republic” de Chino.

Là aussi son esprit rebelle va lui causer quelques ennuis mais il trouve enfin un peu de compréhension grâce à un éducateur qui prend le temps de lui parler. Steve créera des années plus tard une bourse pour aider les adolescents en difficulté de cette école.

A sa sortie, il rejoint sa mère qui s’est installée à New York. Hélas, le courant ne passe toujours pas. Il fugue de nouveau et cette fois s’engage comme simple matelot sur un bateau-citerne. Totalement réfractaire à toute forme d’autorité, il profite d’une escale pour démissionner et va désormais exercer toutes sortes de métiers : barman, ouvrier de forage ou vendeur de stylos. Il deviendra même bûcheron dans une scierie canadienne.
En avril 1947, il signe son engagement dans les Marines pour trois ans. Il va y découvrir deux grandes passions qui ne le quitteront jamais : la mécanique et la vitesse. C’est également à l’armée qu’il apprend à conduire à peu près tout ce qui roule : de la moto au char d’assaut. Démobilisé en 1950, il se retrouve encore une fois sans travail. Il regagne New York et loue un petit appartement dans Greenwich Village. Là, il va rencontrer des gens qui, comme il le dira lui-même, parlent au lieu de cogner. Baigné dans ce milieu d’artistes, une amie lui suggère de prendre des cours de théâtre. Steve s’inscrit à la Neighborhood Playhouse dirigée par Sanford Mesiner. Il dira de Steve McQueen : “Il était comme Marilyn, à la fois enfant, à la fois très dur, comme s’il avait passé à travers tous ses malheurs et avait gardé son innocence.”
Il suit également plusieurs autres cours d’art dramatique et sera même admis au très célèbre Actor’s Studio, choisi avec 5 autres comédiens parmi plus de 2.000 candidats. Mais là aussi son esprit indépendant se rebelle contre l’enseignement de Lee Strasberg. Steve McQueen est un acteur authentique qui travaille son jeu d’instinct et non par de longues périodes de réflexion et de préparation. Aussi quitte-t-il l’Actor’s Studio et entame-t-il le long périple des jeunes acteurs dans la course aux cachets. Il apparaît dans quelques pièces de théâtre, remplace Ben Gazzara au pied levé dans Hatfui of Rain et tient avec succès le rôle pendant les trois derniers mois de représentation. Avec ses cachets, il s’achète sa première moto.
Steve McQueen apparaît pour la première fois au cinéma en 1956 dans Marqué par la haine de Robert Wise, aux côtés de Paul Newman.
1958. Arrive Joss Randall. Du jour au lendemain, Steve McQueen est consacré vedette. John Sturges le remarque et l’appelle pour La proie des vautours. Puis il sera un des mercenaires dans le film suivant de Sturges, Les Sept Mercenaires. Un autre film de Sturges, La Grande Evasion (1962), le fait connaître dans le monde entier.
En 1965, Steve McQueen découvre un scénario qui semble correspondre à son état d’esprit du moment, loin des cascades en moto et des courses de voitures. De plus, il veut prouver à son public qu’il peut être bon sans pour autant rouler à 200 à l’heure. Le film s’intitule Le Kid de Cincinnati. Il retrouve son costume de marin le temps du film suivant, La Canonnière du Yang Tsé, film épique sur fond de révolution chinoise. Nevada Smith sera son avant-dernier western, genre qui le rendit célèbre.

En 1970, c’est L’Affaire Thomas Crown où il troque sa moto pour un planeur et un buggy des plages. Il y porte le costume trois pièces avec une rare élégance et séduit une Faye Dunaway sophistiquée à souhait. Puis vient Bullitt, le seul rôle de “flic” de sa carrière. En 1969, il revient à un film plus intimiste : Reivers. Le public ne suit pas. Aussi décide-t-il de faire le film dont il rêve depuis plusieurs années et revient pour cela à une de ses passions premières, la course automobile. Le film a pour titre Le Mans. Le tournage est éprouvant pour tout le monde et son mariage n’y résiste pas. C’est la séparation après 15 ans de vie commune. Le film suivant traite également d’une de ses grandes passions : la moto. Mais Challenge One n’est qu’un documentaire dans lequel Steve McQuen apparaît dans son propre rôle et furtivement et parmi les autres concurrents motocyclistes. Il change à nouveau de registre avec Junior Bonner sous la direction de Sam Peckinpah. Il y incarne un champion de rodéo. Vient ensuite Guet-Apens du même réalisateur. Ce film marque sa rencontre avec Ali Mac Graw qui deviendra sa deuxième épouse.
L’histoire de Papillon va séduire Steve McQueen et c’est aux côtés de Dustin Hoffman qu’il vit l’enfer des bagnes de Cayenne. Pour le suivant, il est un colonel des pompiers dans un des films catastrophe les plus connus : La Tour infernale. En 1976, il tourne son seul film à ambition “intellectuelle” : An Ennemy of The People, tiré d’une pièce d’Ibsen, film qui reste encore inédit en France. Entre 1976 et 1979, Steve McQueen disparaît des écrans de cinéma alors qu’il est à l’apogée de sa carrière et traverse une crise morale mal expliquée.
Il ne fait son retour qu’en 1979 dans un western, Tom Horn. Cette histoire est inspirée de la vie réelle du célèbre homme de l’Ouest. McQueen ira même sur ses traces afin de bien cerner le personnage.
Son dernier film est Le Chasseur. Avec ce rôle, Steve McQueen a bouclé la boucle. Il n’avait pas prévu qu’il s’agirait là de son dernier film mais le destin en décida autrement et ce rôle de chasseur de primes, inspiré de la vie du vrai Ralph “Papa” Thorson, couronne une carrière qui commença par le même type de personnage. Steve McQueen s’est éteint dans la nuit du 6 au 7 novembre 1980 à la clinique Ciudad Juarez au Mexique. Il avait 50 ans, fauché par ce que John Wayne appelait le “Grand C.”. Pour tous, il restera toujours ce rebelle épris de liberté découvert un samedi soir dans la petite lucarne, armé d’une Winchester à canon scié.

Alain Sanders

Retour