DEUX CHEFS D’ŒUVRE !
La Sanction et L’Expert de Trevanian

 

Nous avons déjà eu l’occasion de parler d’un autre très grand livre de Trevanian, Incident à Twenty-Mile. En voilà deux autres, La Sanction (qui donna matière à un film – moyen – de et avec Clint Eastwood en 1975) et L’Expert qui finira de vous convaincre, avant que je vous parle prochainement de Shibumi, de l’extraordinaire talent de Trevanian.

Un mot d’abord de ce dernier. Rodney William Whitaker (1931-2005), alias Trevanian (mais aussi Nicholas Seare, Benat Le Cagot, Jean-Paul Morin, Edoard Moran), est né à Granville, Etat de New York. Il a enseigné au Nebraska, a servi dans l’US Navy pendant la guerre de Corée, fut président de la chaire de Radio, TV et Films à l’université d’Austin, Texas. Marié, père de quatre enfants, il passera une partie de sa vie – une vie enrobée de mystère – dans les Pyrénées, au Pays basque. Refusant la moindre interview et n’acceptant pas d’être photographié, il ne révèlera son véritable nom qu’en 1979, lors de la parution de Shibumi.

Son premier roman, The Eiger Sanction (1973 ; en français, La Sanction), parut alors qu’il était déjà âgé de 40 ans. Suivront L’Expert (1975), Le Flic de Montréal (1976), Shibumi (1979), L’Eté de Katya (1983), Incident à Twenty-Mile (1998), Hot Night in the City (2000), The Crazy Ladies of Pearl Street (2005), etc.

Dans La Sanction, on fait la connaissance de Jonathan Hemlock, professeur d’art, alpiniste chevronné et, à ses heures, tueur pour l’organisation secrète CII (on pensera à la CIA, bien sûr). Hemlock est chargé de « sanctionner ». C’est-à-dire d’assassiner des agents ennemis en guise de représailles. Il ne fait pas ça par plaisir, mais pour enrichir sa collection de tableaux de maîtres cachés – pour son seul plaisir – dans la crypte d’une église désaffectée qu’il a transformée en un refuge luxueux.

Pour venger le meurtre d’un agent du CII, il doit participer à l’ascension de l’Eiger (« L’Ogre ») par la face Nord de cette dangereuse montagne des Alpes. Avec trois compagnons de cordée. Le problème, c’est qu’il ne sait pas lequel des trois est sa « cible »…

Dans L’Expert, alors qu’il a réussi à prendre ses distances avec le CII, Hemlock est contraint de reprendre du service par les services secrets britanniques. Sa mission consiste à récupérer des vidéos très compromettantes – on les y voit dans différentes galipettes – mettant en scène de hautes personnalités du Royaume-Uni. Pour ce faire, il devra se coltiner avec un pourri de l’underworld londonien et son égérie, la très troublante Amazing Grace.

 

On a pu lire, dans telle ou telle critique, que Trevanian était féroce à l’égard de ses compatriotes américains. Mais il en a autant en réserve à l’égard des Anglais, des Allemands, des Suisses, des Arabes, des Français, etc., personne ne trouvant grâce à ses yeux. Voici ce qu’il dit des Français dans Shibumi : « Le concept de fair-play est totalement étranger à la mentalité des Français, un peuple qui a produit des générations d’aristocrates, mais pas un seul gentleman ; une culture où le droit remplace la justice ; une langue où l’unique mot pour désigner le fair-play est emprunté à l’anglais. »

Alain Sanders

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(1) Un pseudonyme en hommage à l’historien anglais G. M. Trevelyan qu’il admirait.

- Editions Gallmeister.

 

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