Le groupe a été créé en 1955, par des membres afro-américains de l’US Air Force alors en poste à Pittsburgh, Pennsylvanie : Clarence Quick (1937-1983), Kripp Johnson (1933-1990), Don Jackson, Samuel Paterson et Bernard Robertson.

L’armée les avait réunis. Mais l’armée, au gré des mutations des uns et des autres, va les séparer. Mutés en Allemagne, Samuel Paterson et Bernard Robertson sont remplacés par David Lerchey (le premier Blanc du groupe, mais il y en aura d’autres) et Norman Whright. Lequel Whright avait précédemment créé, avec Lawrence “ Prince ” Lloyd, The Valverteens (eux aussi membres de l’US Air Force et basés à Amarillo, Texas).

En 1956, le groupe connaît le succès avec Come Go With Me, pour le label Free Bee Records, et en 1957 pour le label Dot Records qui donnera à ce titre une diffusion plus nationale.

Peu de temps après, Don Jackson est remplacé par Gus Backus (le second Blanc du groupe).

En 1957, les membres du groupe qui, à l’exception de Kripp Johnson, âgés de moins de 21 ans quand ils avaient signé chez Dot Records, pouvaient mettre fin à leur contrat. Pour, sur les conseils de leur manager, passer chez Mercury Records. A l’exception, là encore, de Kripp Johnson toujours sous contrat chez Free Bee records.

Il y aura du coup deux Del-Vikings dont un orthographié Dell-Vikings. L’un avec Don Jackson, Chuck Jackson, Arthur Budd et Ed Everette. Côté groupe originel, Kripp Johnson est remplacé par un ami de Lawrence Quick, William Blakely.

On passera sur les procès à répétition entre les Del-Vikings et les Dell-Vikings de Kripp Johnson qui devront finalement changer de nom et devenir The Versatiles (puis, Kripp Johnson and The Versatiles, puis Chuck Jackson and The Versatiles). Ce groupe ne durera guère et Chuck Jackson tentera une carrière solo.

Mais ça ne va guère mieux du côté du groupe historique. Gus Backus ayant été muté en Allemagne, le quintet devient quatuor. Avec des bisbilles à répétition. Clarence Quick essaiera de relancer la machine avec de nouveaux venus : Douglas White, Billie Woodruff, Willie Green et Ritzy Lee. Fin 1957, Kripp Johnson rejoint la maison mère si on peut dire. De cinq, ils passent à six. Signés par ABC-Paramount, ils vont tourner, mais sans succès probants, jusqu’en 1965, date de leur nouvelle séparation.

En 1970, coucou les revoilà ! Avec l’inusable Clarence Quick, l’indéboulonnable Kripp Johnson, les indispensables William Blakely, Norman Wright, David Lerchey. Leur feuille de route ? Reprendre, en les dépoussiérants un peu, leurs hits passés. A commencer par Come Go With Me qui, en 1973, se classe dans les charts.

Et on continue le jeu des chaises musicales. Dave Finley rejoint ce qui reste du groupe de 1972 à 1976. Et puis un nouveau groupe est créé avec Ritzy Lee, Billy Woodruff, Terry Young, Mona Lisa Young, Paul Moser.

Un peu difficile de s’y retrouver, non ? D’autant qu’en 1980 Kripp Johnson redémarre les Del-Vikings. Avec des anciens et des nouveaux. En 1983, décès de Clarence Quick. Il est remplacé par Lloyd “ Butch ” Philips. Le jeu des chaises musicales repart pour un tour… Avec un bel album chez BVM Records en 1990 : Rock and Roll Remembered.

Après la disparition de Kripp Johnson en 1990, le groupe continue de tourner. Mais un peu dans tous les sens. Balloté entre prises de bec, engueulades sans fin, décès de tel ou tel, etc. Norman Wright crée ainsi un autre groupe en 1999. David Lerchey (qui est mort en 2005) forme un nouveau Del-Vikings.

Il nous faut arrêter ces changements incessants où une poule ne retrouverait pas ses petits… Pour se souvenir plutôt des grands titres des Del-Vikings (sous toutes les formes et transformations du groupe), titres qui seront souvent repris dans les BO de films comme American Graffiti, American Hot Wax, The Hollywood Knights, Diner, Joe Versus the Volcano et, bien sûr, Stand By Me.

Alain Sanders