Lance Weller : Wilderness
A Good Ol’ Rebel

 

L’action de Wilderness, de Lance Weller, se déroule en partie dans l’Etat de Washington à la fin du XIXe siècle. Son héros, Abel Truman, est un survivant de la sanglante bataille de la Wilderness – d’où le titre du livre – pendant la guerre entre les Etats (la « guerre de sécession »). Nous naviguons ainsi, de chapitre en chapitre, des années 1890 aux années 1860.

Avec un chien pas vraiment aimable, Abel vit seul dans une baraque de bois flotté sur la côte du Pacifique Nord-Ouest. Depuis trente ans, il essaie d’oublier ce qu’il a vécu. Mais la violence le rattrape une fois de plus le jour où un Indien, froid comme un serpent, et un homme au visage déchiqueté, deux freaks redoutables, lui volent son chien.

Ils laissent pour mort le vieil homme. Mais il ne l’est pas. Il va donc se mettre en chasse pour retrouver ses agresseurs à travers les Olympic Mountains où, quand il fait froid, ce n’est pas pour rigoler…

Cette traque l’entraîne aussi sur la piste de ses souvenirs. Il était en quête d’une rédemption ? Il ne va pas être déçu…

On aime les pages consacrées aux années 1890. Mais plus encore celles qui concernent les années 1860. Sans manichéisme, ce péché de ceux qui prétendent juger d’une époque à l’aune de la leur, Lance Weller fait revivre le quotidien des soldats pris dans le maelström de la guerre. Des pages d’une remarquable précision et d’une extrême justesse de ton.

Il y a Abel Truman, bien sûr. Mais aussi ses frères d’armes. David Abernathy, Ned, des hommes faits, des vieux briscards rescapés du premier Manassas et de Chancellorsville, des jeunes recrues qui, pour se donner du cœur au ventre, chantent les airs favoris des Sudistes, I Can Whip The Scoundrel, Mister, Where Is Your Mule ?, les Misérables de Lee (les soldats de Lee s’étaient surnommés Lee’s Miserables en référence au roman de Victor Hugo paru en 1862), etc.

L’horreur. De la poésie tragique aussi. Façon Le Dormeur du Val de Rimbaud : « Le cavalier était sur le dos dans une étendue d’herbe d’un vert brillant qui aurait dû être exquise. Il n’était pas mort depuis plus d’un jour, pourtant les scarabées avaient déjà commencé leur grappillage. »

Dans la main du mort, une croix taillée dans de l’os. David la récupère : si elle n’a pas protégé le cavalier, peut-être le protégera-t-elle…

Au plus fort des combats, Abel rêvait d’un ailleurs : le territoire de l’Oregon et le Pacifique bleu. Il les découvrira. Mais pour s’apercevoir qu’il n’y a pas de paradis refuge… « Une forêt derrière, une autre devant ». Et, au bout de la route, la mort à laquelle il avait échappé. Dans la forêt de la Wilderness, une femme l’avait sauvé. Dans la forêt des Olympic Mountains, une autre femme est au rendez-vous. La Camarde.

Alain Sanders

- Editions Gallmeister

 

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