Louis L'Amour

Le plus grand écrivain américain du Far-West, Louis L’Amour était d’origine française

Quand il est mort, en juin 1988, la nouvelle tomba ainsi : " L’Amour est mort ". Il fallait comprendre que l’écrivain américain Louis L’Amour — d’origine bretonne et de sang franco-irlandais — tout à la fois le plus prolifique et le plus connu dans le monde entier, venait de disparaître.

En lui décernant la médaille de la Liberté, Ronald Reagan — dont c’était l’auteur préféré — avait déclaré :

— Il a fait connaître l’Ouest aux gens de l’Est et au monde entier.

Né en 1908 à Jameston dans le Nord-Dakota, à proximité du Canada, Louis L’Amour était un autodidacte parti de chez lui à 14 ans pour gagner sa vie. Il a fait tous les métiers du monde et sous tous les cieux - boxeur, bûcheron, chercheur d’or, chercheur de trésors, archéologue d’occasion - avant de se fixer comme écrivain. Et de recréer dans une centaine de livres ses expériences privilégiées.

Efficace, Louis L’Amour ne s’embarrassait guère de longs discours. Dans Matagorda, par exemple (" Un fusil contre une ville dont la poussière était tâchée de sang "), on nous explique : " Duvarney avait chevauché toute sa vie sur une piste pleine d’embûches — et le Texas était sa dernière chance. Il était venu à Matagorda pour essayer de trouver un troupeau à mener au Kansas. Au lieu de ça, il avait trouvé une ville déchirée par la haine et où chaque homme devait choisir son camp... Ou choisir de mourir. "
Les Américains présentaient Louis L’Amour de la façon suivante : " Notre plus célèbre conteur de l’Ouest authentique. Louis L’Amour a donné le grand frisson à toute une nation en faisant revivre de façon exemplaire les hommes et les femmes qui ont bâti l’Amérique. "

Qu’il nous soit permis de rappeler que ce Louis L’Amour aux racines bretonnes était un rameau exemplaire de ces Français partis s’installer au Canada et dans toute l’Amérique du Nord.

Un vingtaine de romans " western " de Louis L’Amour ont été traduits en français et publiés à la Librairie des Champs Elysées. Peut-être une maison d’édition française publiera-t-elle, un jour, l’intégrale de cet écrivain racé. Ne serait-ce que pour réaffirmer que L’Amour sera toujours L’Amour...

Cinq de ses romans, Jubal Salkett, The last of the breed, The Daybreakers, The haunted mesa et The walking gun représentent, sur le seul territoire américain, une vente de plusieurs millions d’exemplaires.

En France, c’est essentiellement à la collection " Western " de la Librairie des Champs Elysées que les amateurs doivent d’avoir pu lire Louis L’Amour à travers 22 titres traduits, parmi lesquels : La route du Colorado, Les cowboys du B. Bar, Dans le canon du colt, Une fille sur la piste, La vengeance de Kate Lundy, Le train du désert, La chasse, Un cowboy ne plaisante pas, La cabane perdue, Les cavaliers du désert...
Dans son étude The Great Western Pictures, le metteur en scène Robert Parrish estime à 43 le nombre de films dont le scénario s’inspire d’un roman de Louis L’Amour.

En tout premier lieu, Hondo, l’homme du désert de John Farrow, l’unique western en relief de John Wayne. Puis, Catlow, avec Yul Brynner ; La diablesse aux collants roses avec Antony Quinn et Sophia Loren ; Shalako avec Sean Connery et Brigitte Bardot ; Violence dans la vallée avec Joel McCrea et Virginia Mayo ; Collines brûlantes de Stuart Heisler avec Natalie Wood et Tab Hunter. Quant à la télévision, elle s’est emparé de la saga des Sackett réunissant Glenn Ford, Tom Selleck, Sam Elliot, Ben Johnson, Gilbert Roland, Slim Pickens.

Le Far-West, l’ouest véritable et sauvage, Louis L’Amour l’avait vécu :

— Mon grand-père avait été à moitié scalpé. Quant à mon ranch, il est situé en pays cheyenne où ne passait pas de diligence mais où six pionniers ont perdu la vie : trois tués par les Indiens, trois par des hors-la-loi. Dans ce ranch, je n’élève pas des chevaux mais je protège des cerfs, des daims et des ours. J’aime l’Ouest pour en avoir parcouru des milliers de kilomètres.

Sa méthode d’écriture ? Il l’a explicitée :

— Je prends des notes auxquelles je me reporte rarement. Souvenirs et imaginaire se mêlent. Je choisis des types de personnages symboliques que je place dans des situations historiques précises réelles. Je me sature du " background " de mes héros au point que je m’y sens autant chez moi qu’eux-mêmes. L’Amérique a eu ce grand avantage que 34% de ces pionniers tenaient un journal de route J’en ai acquis une grande quantité pour mes archives et mon plaisir. Ainsi mon matériau de base m’est fourni par ceux qui étaient sur place à l’époque. Je me gave aussi de catalogues de meubles, d’outils, d’objets usuels d’alors. J’essaye d’accumuler dans ma mémoire un ensemble de connaissances éparpillées, pourtant essentielles, même pour ne faire passer qu’un bon moment aux lecteurs.

Et ses ascendances françaises ? Il en était particulièrement fier :

— Engagé volontaire en 1942, j’ai participé comme officier tankiste au débarquement de Normandie. C’est grâce à cela que, plus tard, une fois démobilisé, j’ai eu l’occasion de retourner sur le bout de terre de mes ancêtres, c’est-à-dire sur l’île de Batz, au large de Roscoff. J’ai été me recueillir sur leurs tombes. C’est à cette filiation française que je dois mon autre passion : celle du Moyen-Age qui m’inspire autant que l’Ouest américain. En fait, j’ai appartenu à une famille de navigateurs et de corsaires bretons dont un, au XVe siècle, est allé faire souche au Canada. Après la guerre, j’ai tenté de rencontrer sur Batz une vieille dame qui se souvenait des Ker Bouchard et des Lamour restés sur place. Elle refusa de me voir, déclarant : " Les Lamour n’étaient pas bons, tout le temps sur mer et revenant rarement au berceau de leur famille. " Si ma branche de L’Amour s’est installée au Canada des rois de France, d’autres branches sont allées faire souche aux Indes d’où, certainement, ma curiosité pour... l’Orient.

Louis L’Amour était parti comme mousse sur un violier à l’âge de 14 ans. Un temps établi en Chine, il y gagne sa vie comme boxeur professionnel. Il se souvenait avoir gagné 1800 dollars par KO au septième round sur un ring de Singapour. En Inde, il est un temps cornac. De retour aux USA, il devient figurant de westerns " pour le plaisir des chevauchées et des cascades ". Ce n’est qu’après quatre années de service armé qu’il décide de devenir écrivain. Au début, ses éditions lui imposent des pseudonymes : Tex Burns, Jim Mayo. On le crédite de plus de 100 titres représentant plus de 200 millions d’exemplaires vendus dans le monde.

Passionné de chansons western et de country music, Louis L’Amour était l’ami de Gene Autry et de Johnny Cash. Il avait écrit, l’année de sa mort, les textes du premier album de sa fille.

Auteur préféré de trois présidents des Etats-Unis (Eisenhower, Carter et Reagan), Louis L’Amour avait reçu le " Medal for freedom " et la " National Gold Medal " attribuée par le Congrès. La seule depuis celle de John Wayne.

A l’âge de 15 ans, le jeune Louis avait repris son nom de L’Amour que sa famille franco-irlandaise avait anglicisé en " La Moore ", proclamant fièrement : " La première histoire de la Bretagne a été écrite par une Hélène Bouchard, de ma famille. "

Retour